- aux frontières du Sabbat

Hotel Los Angeles

Miraculé de la loi sur le ridicule qui ne tue plus, je balade mon espoir de toujours survivre dans des bouts du monde, accompagné en cela de mon pantalon beige déchiré qui ne tue plus, du sacado d'avant la guerre qui a cessé de décimer, des superbes 'david beckham' qui ne savent même plus ne serait-ce que faire mal au pied, si encore !, mais même pas, et le reste, chapeau de mauvaise paille que franchement, nan mais franchement, ce mec, il pourrait pourtant, mais non, de mauvaise paille, le mauvais chapeau, blonde et poilue qui tue, tout qui tue, la mémoire qui tue, le souvenir de ta voix dans le terminal qui tue, douce ta voix, on pense toujours que qui tue est pointu, mais sans raison en fait, suffit de penser au rayon laser, doux et vert, qui tranche les membres des spationautes prisonniers de la première prise d'otage martienne, ou, pour prendre un exemple plus contemporain, de cette jolie boule d'acier que les hommes mettent dans un tube noir et boum !, sincèrement, plus rond, plus doux, plus lourd, ya pas.
Le miraculé donc, sur son séant posé, pense à toi. Sur son séant bientôt volera, l'agent du comptoir ayant daigné faire un petit miracle de Noël, il m'a dit d'oublier Cuzco, mec, même en rêve, et si cet aéroplane est bourré, le prochain, c'est encore pire, aun peor, mais que Arequipa, ouaich, éventuellement, et me voilà, et voilà la pensée de toi, bien décorrélée de toute notion d'avionique ou de kérosène, on dit qu'on pense et la pensée tout de suite se retourne et regarde le contexte avec circonspection genre, ah ouais, donc tu pense à moi quand tu portes ton déguisement qui tue ? Et ta veste marron du mont Fuji qu'on osait plus donner aux œuvres sociales ?
Pensée je lui dis, pensée tu es pure, tu es jolie, ta bouche est douce et le souvenir de ton contact suffirait à déchirer un peu plus quelque trouser innocent, alors réjouissons-nous déjà. Que j'aille sans barbe blanche ni cadeau, que je m'échappe de Lima, ville prégnante qui bientôt m'aurait étouffé, réjouissons-nous. De la vie réjouissons-nous. Du désir en sommeil qui continue son travail de galerie mentale, réjouissons-nous. Des idées en boucle du passé du futur, et là j'ai presque envie de pousser un alléluia !!!, mais ça craint un peu, si je me fais boucler pour folie furieuse on sera pas avancé dans l'affaire. De toute chose bien réjouis, donc, pensée jolie, je te pense sans penser intention ni moyen, pensée pure, donc. Réjouissons-nous qui tue et pensons la vie en boucle, comme un lacet de chaussure. Boucle classique, simple, je précise.
Hier pour la nativité du vieux, dans ce quartier improbable, terminus de la ligne de metropolitan, bout du monde de ce bout de monde, les gens tout bien foutus de folie, les dindes toutes bien fourrées de pisco, dansaient jusque tard dans la nuit, et à minuit oreilles et yeux évoquaient des souvenirs de fin du monde un nouvel an à Shanghai, et une pensée, tiens, la même pensée pure !, c'était une énorme explosion pyrotechnique sur ce bourg de Lima.