- aux frontières du Sabbat

Pisser sur les icônes

Fallait bien que ça arrive un jour.
Un jour, c'était dans un hostel miteux -peut-être le plus ivre des bateaux ivres de la planète hôtelière-, se présente Adam. Faut une sacrée chatte pour croiser Adam. Il n'y a qu'un Adam et ixe mille hôtels enregistrés sur hotel.com, hostelworld.com et hostel.com ! 

Les probabilités sont ce qu'elles sont, mais Adam est là, the one. 
Seul, qui plus est, sans cette bêcheuse de Eve, adorable poison, qui love mieux, mais plus cher. Adam, « bonjour », se présente. Juif forcément, barbu et antisémite, ce qui ne tombe pas sous le sens, de fait.

Je lui fait « ah ? ». Il répond, « bin ouais », c'est l'influence de Céline, le complot franmaço-hébraïque, tout ça, tu comprends, explique-t'il derechef, partant dans un grand délire complotiste. Mais un peu embarrassé par l'étiquette, craignant pour les convenances, et attiré par une bonasse ukrainienne qui passe par là, je le minute papillone, et plante là notre père à tous. Sacré Adam et ses éthyloprojets de terrorisme intellectuel !
Au moment de la fuite le bougre défendait un mode d'écriture basé sur la 'resaca'. Je l'entends encore. Tu bois, tu bois, oh dieu!, au moins tout ça, tout distillat qui vaille et se présente, puis au réveil, le jour s'est fait, tu balades ton chien et saisi d'une légère érection machinale tu laisses couler les mots de ton futur opus. 

Le point final, je ne sais pas... 
Midi passa. C'était déjà l'heure de l'apéro. 
Puis la nuit. 

Le lendemain à l'aube Sasha-Alexander et son pote m'ont jeté comme sac à vin à la Kimnati Vidpotsinku. Dans le lit à côté une forme inquiétante gonflait les draps. C'était une présence bleuâtre. L'odeur de soufre, les éclairs dans le petit matin m'ont décidé à fuir sur le n°59 de 10h30. Moskow – Sofia pour le meilleur et 23h de roues, de rails, de traverses impondérables et d'ivresse bénie. 

Des mois plus tard avoir lâché Adam me tourmente encore. 
Je troquerais volontiers Jean Echenoz, Michel Rolin, James S. Lee pour une soirée en sa compagnie ! Il faudra lui écrire. Je commande un gin. Une autre nuit s'avance.

Première frontière du sabbat

Un jour c'était Paris, premier pas d'une longue vacance, un bar, du bruit, des verres et malgré la neige de printemps des fesses des fesses des pléthores qu'on voit qu'on rêve qu'on devine appelant réclamant la main qui libère, le possessif à cinq doigts, le bonjour mademoiselle. J'étais fou. Fou !

Je serais le dompteur de fauve du cirque d'hiver. Jongleur impénitent des traverses à venir. Retraité du système. Explorateur de la marge. Inutile rendu à la stérilité. De mon désert aride observant vos monts et merveilles.

Avisant un cul, plus dodu, mieux tendu, un cul offert dans la forêt heureuse qui se présente, je choisis une main, vite, et commence à penser le geste. 

Hésitant sur la trajectoire parfaite de cette main à ce cul offert, je réalise : tout, de cette année, de ce sabbat, tient là, dans ce geste. Dans le trajet de la paume à la fesse. Un mouvement infime, délicieux ralenti, retour arrière, rejoué mille fois...

Un an de main aux fesses ! 
Cent, mille, un million de fesses, rondes pointues carrées ou plates,
un an et cette seule idée, 
cet unique geste, 
le dernier, le seul qu'on eut jamais souhaité effectuer. 

Vous n'aurez pas la claque et tout le reste. 
Bienvenue à la première frontière du sabbat.