- aux frontières du Sabbat

Les ongles poussent

les ongles poussent les cheveux grandissent
c'est à ça et plein d'autres petits signes qu'on peut dire, tiens, 
il passe, il passe, il n'arrête pas de passer cependant on retourne à des choses et d'autres mais ça n'empêche pas 

alors par exemple un jour tu te décides à couper un ou deux ongles et décidément tu vois comme ils sautent et retombent au claquement de l'outil et voilà, ça fait des jours, des semaines, des mois, qu'on est là sur la mer, qu'on se connaît, qu'on boit, qu'on se prive, qu'on grandit en s'enrichissant et en s'appauvrissant, mais c'est toujours le même corps et les même désirs, mais c'est toujours la même ville saison après saison, quel que soit le continent, la même femme, le même homme cependant demain ce sera encore lundi, comme tous les jours, comme tous les lundi, il prend son temps pour passer le con, et 
si tu voudrais, en courant un peu, à peine beaucoup, 
on se rattraperait et ce serait tous les instants d'éternité qu'il faut, 
pas un de plus, pas un de moins, juste ceux là et pas les autres, tu vois ?

donc bref, un jour, un signal, un autre jour non, comme les vagues, comme la pluie, tout varie un jour toujours varie toujours. il reste les ongles, les idées, il ne reste plus ni ongle, ni idée. 
juste le temps. 
juste le temps...