tag:blogger.com,1999:blog-53600925202759739982023-11-16T08:09:10.194-08:00TRAVERSES IMPONDERABLESPG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comBlogger24125tag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-63373123430300950482017-03-03T12:52:00.001-08:002017-03-03T12:52:12.096-08:00Révolution d'horloge n°59<div style="text-align: justify;">
Révolution complète et changement radical au bout de la ligne.</div>
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Ce train, comme la ligne 2, change d'espace, de gens, de modes.</div>
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La journée du dimanche comme prélude : éclats de voix dans le couloir, pénibles échanges en ukrainien, grand déballage de comestibles dans chaque compartiment, intermittences de la ligne qui très lentement alterne longs arrêts dans de petites gares et tronçons de campagne à marche lente. Après des agapes sans fin un sommeil lourd accable les voyageurs. En une interminable chorégraphie mécanique, on défait le convoi pour changer les boogies. Les wagons volents à trois mètre du sol. Cris, chocs, grésillement des radios, parades de sévères miliciens.<br />
<br /></div>
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Cette première frontière nous coûte près de 3h et l'unique homme noir du convoi, débarqué très vite sans trop qu'on apprenne comment, pourquoi, pour où ?</div>
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Aleksandro et Dimitri sont si préoccupés par l'épreuve du visa qu'ils n'envisagent de manger qu'une fois traversée la double ligne de frontière. Peu dotés, ils mangent finalement maigre et bientôt font leur lit, et dorment.</div>
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Toute l'après-midi passe ainsi. Puis le soir. C'est seulement après 22h, passée Bucarest, qu'Aleksandro débouche la vodka achetée à bord. Rendu déjà bien ivre par un mélange de bière et cognac c'est à mon tour d'être couché, et je décline continuellement, toute la nuit durant, ses invitation successives à trinquer. Na zdarovié ! On approche de la Bulgarie. Na zdarovié ! Présentations aux autorités roumaines. Na zdarovié ! Encore une ou deux heures avant l'accueil bulgare.</div>
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Finissant la bouteille, il éteint finalement la lumière et s'allonge. L'aube poindre, le calme revient enfin dans la cabine.<br />
<br /></div>
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Au réveil, le train est vide. Voyageurs évacués. Quelque part dans la nuit notre convoi a de nouveau été réorganisé. Ce wagon, qui était le premier derrière la locomotive, voit désormais les voies par son hublot arrière. On file à plus vive allure. La journée avance. Sofia n'arrive toujours pas. Trois passagers se partagent le wagon, le samovar et les 3 membres d'équipage.</div>
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Aleksandro m'explique bientôt l'alpha et l'oméga, que je feins de comprendre, répondant da, da, à toute injonction, notant prestement mes nouveaux contacts au sein de la mafia ukrainienne de NYC.<br />
<br />
Fini. Le train est passé. Le train est encore là, dans les méninges, dans les pieds.<br />
Traverses et rails se regardent un moment, soulagés. Encore un de fait se disent-ils.<br />
Na zdarovié !</div>
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<br /></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-9069872123165229332017-03-03T12:43:00.001-08:002017-03-03T12:43:53.585-08:00Eructation épistolaire<div style="text-align: justify;">
D'abord tu seras contente d'apprendre que j'ai cessé de jurer comme un patachon, à tout va. La fréquentation des mineurs, même néo-pubères, t'oblige à rien, mais tout de même. </div>
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Lorsqu'il est entendu, l'impact du mot n'est jamais nul, il provoque une réaction en chaîne d'autant plus redoutable qu'elle est souterraine. Comme une étoile vibrante. Alors on retrouve des perturbations du champs magnétique, jusqu'au dedans de l'adulte, des siècles plus tard. </div>
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<br /></div>
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Dans la pratique, en revanche, l'onanisme compulsif reste de vigueur. Différents diagnostics confirment qu'il s'agit d'un biais inaliénable. C'est ça, ou l'amputation, a lâché le toubib en s'arrosant de gel hydro-alcoolique après un rapide tâté. De fait, il y a encore deux minutes je me régalais du frottement de cette nouvelle étoffe sur mes gonades, au rythme de la marche. </div>
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C'est une coupe droite, de la came turque qu'on touche au bazaar, côté Zoravar Andranik, en promo à 7000 balles. Le super 120's vient délicatement secouer mes bolloches. Je m'oublie au sursaut lascif de ma mémoire… </div>
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<br /></div>
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A notre dernière rencontre tu portais une salopette. </div>
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A moins que ça n'ait été une jupe. </div>
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Une nippe quelconque, en fait, recouvrant mal cette fraîche nudité qui transpire, qu'on devine à chaque souffle. Obnubilé par l'absence d'étoffe, adoptant la fermeté implacable de cette vilaine logique, j'ai pensé alors te repousser dans le hall dont tu sortais. Puis t'épingler là, contre le mur, avec des convulsions d'épileptique. </div>
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On a déambulé dans les rues Paris. J'avais des picotements dans les doigts. </div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-7426584108294573762017-03-03T12:42:00.002-08:002017-04-04T06:52:23.075-07:00Hotel Los Angeles<div style="text-align: justify;">
Miraculé de la loi sur le ridicule qui ne tue plus, je balade mon espoir de toujours survivre dans des bouts du monde, accompagné en cela de mon pantalon beige déchiré qui ne tue plus, du sacado d'avant la guerre qui a cessé de décimer, des superbes 'david beckham' qui ne savent même plus ne serait-ce que faire mal au pied, si encore !, mais même pas, et le reste, chapeau de mauvaise paille que franchement, nan mais franchement, ce mec, il pourrait pourtant, mais non, de mauvaise paille, le mauvais chapeau, blonde et poilue qui tue, tout qui tue, la mémoire qui tue, le souvenir de ta voix dans le terminal qui tue, douce ta voix, on pense toujours que qui tue est pointu, mais sans raison en fait, suffit de penser au rayon laser, doux et vert, qui tranche les membres des spationautes prisonniers de la première prise d'otage martienne, ou, pour prendre un exemple plus contemporain, de cette jolie boule d'acier que les hommes mettent dans un tube noir et boum !, sincèrement, plus rond, plus doux, plus lourd, ya pas.</div>
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Le miraculé donc, sur son séant posé, pense à toi. Sur son séant bientôt volera, l'agent du comptoir ayant daigné faire un petit miracle de Noël, il m'a dit d'oublier Cuzco, mec, même en rêve, et si cet aéroplane est bourré, le prochain, c'est encore pire, <i>aun peor</i>, mais que Arequipa, ouaich, éventuellement, et me voilà, et voilà la pensée de toi, bien décorrélée de toute notion d'avionique ou de kérosène, on dit qu'on pense et la pensée tout de suite se retourne et regarde le contexte avec circonspection genre, ah ouais, donc tu pense à moi quand tu portes ton déguisement qui tue ? Et ta veste marron du mont Fuji qu'on osait plus donner aux œuvres sociales ?</div>
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Pensée je lui dis, pensée tu es pure, tu es jolie, ta bouche est douce et le souvenir de ton contact suffirait à déchirer un peu plus quelque <i>trouser </i>innocent, alors réjouissons-nous déjà. Que j'aille sans barbe blanche ni cadeau, que je m'échappe de Lima, ville prégnante qui bientôt m'aurait étouffé, réjouissons-nous. De la vie réjouissons-nous. Du désir en sommeil qui continue son travail de galerie mentale, réjouissons-nous. Des idées en boucle du passé du futur, et là j'ai presque envie de pousser un alléluia !!!, mais ça craint un peu, si je me fais boucler pour folie furieuse on sera pas avancé dans l'affaire. De toute chose bien réjouis, donc, pensée jolie, je te pense sans penser intention ni moyen, pensée pure, donc. Réjouissons-nous qui tue et pensons la vie en boucle, comme un lacet de chaussure. Boucle classique, simple, je précise.</div>
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Hier pour la nativité du vieux, dans ce quartier improbable, terminus de la ligne de <i>metropolitan</i>, bout du monde de ce bout de monde, les gens tout bien foutus de folie, les dindes toutes bien fourrées de pisco, dansaient jusque tard dans la nuit, et à minuit oreilles et yeux évoquaient des souvenirs de fin du monde un nouvel an à Shanghai, et une pensée, tiens, la même pensée pure !, c'était une énorme explosion pyrotechnique sur ce bourg de Lima.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-13127427883465412202017-03-03T12:21:00.000-08:002017-03-03T13:07:21.057-08:00MALADROITE ET SANS OSER ENTRER<div style="text-align: justify;">
Je t'écris donc ce mot sachant que je ne te reverrai plus. Jamais plus.</div>
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Car même si je devais te recroiser, ce ne serais jamais plus toi, mais un geste ou un courant d'énergie libre, libérée une fois par ton choix, libérée encore par mes mots. Cette liberté arrachée, je réalise qu'elle t'a en fait toujours été acquise. Je me remémore l'avoir vu briller au détour d'une conversation, lors d'une approche maladroite, cette ouverture toute conventionnelle de tous les gens; alors à la question de tes vies sentimentales passées s'était levé un mur, un courant, brève glaciation, puis la rigolade avait repris.</div>
<br />
<div style="text-align: right;">
<i><a href="http://www.les-voyageurs.fr/jai-encore-mal/">On ira nulle part.</a></i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>on est pas né dans le même monde. Et pourtant je, tu, nous trompons continuellement. Parce qu’autrement ce n’est pas possible. Parce que la prison, c’est pour les méchants. Parce qu’on dirait qu’on était libre. Allez.</i></div>
<br />
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Je pense rigolade, c'est inexact, il s'agissait plutôt de frénésie joyeuse, drôle d'effervescence que j'ai parfois été surpris de trouver, de redécouvrir, ou encore que je suis venu chercher, pour l’arque-bouter contre quelque mauvaise passe de l'humeur. Cette frénésie, j'ai toujours pensé qu'elle ne peut vivre que dans un écrin, dans un moment, par secousses. Repartant fatigué, un lendemain, avec une autre chemise, je me disais : bientôt. Pas tout de suite.</div>
<br />
<div style="text-align: right;">
<i>Tu sais ce qu’on va faire toi et moi ? on va se faire un café et se manger une crêpe.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Tu sais ce qu’on va faire toi et moi ? Ben non, moi j’en sais rien. cette nuit, il a plu sur l’oreiller gris. Tu as jeté ta bombe et tu as dormi. les bras croisés, comme un gisant à Cluny. Bras croisés. Cœur fermé, on rouvrira peut-être la saison prochaine ça disait. Ou peut-être jamais.</i></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Mais... Comme tous les mots qu'on écrit peuvent se retourner, et sur eux-même, et contre nous, j'ai aussi envie de dire, plus jamais libérée. Nier ta liberté nouvelle. Car dans notre non-rapport poussait quelque vraie liberté, cristal pur, que l'on enterre. Ce non-truc est apparu, on ne sait pas, a tressauté, a continué, a vivoté, accompagnant cahincaha deux êtres sur deux chemins, au travers de je ne sais quoi. Pour moi, milles expériences, et de fortes, plusieurs vies et quelques morts, mais toujours la même adresse, où à la même fenêtre, le même rhum, la même ivresse.</div>
<div style="text-align: right;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Moi j’ai regardé dérouler les minutes. silence, le vent claquant le store. jusqu’au 4 coups. Une dernière larme du fond de l’œil, douloureux et brûlant. un sourire glissé sur la patte du chat qui tente l’ascension par la tête du lit.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: right;">
Ce cristal pur, on le laisse. On le transmute par excès de verbe. Ce verbe que je ne t'ai jamais connu excessif, cherchant parfois à voir à dire à entendre. J'étais surpris un jour à la lecture d'un mail qui ne m'était pas destiné : il y était dit des choses, plusieurs idées, foison, développements. Je rouvre ma besace. Mais !? Concision nécessaire à l'équilibre de notre jeu ? Une autre fois tu étais expansive. Et c'était bien ça : tout sauf pour jouer; tu y parlais de faire affaire sérieuse. Je ne sais pas. J'ai pas dit oui.</div>
<div style="text-align: right;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Un sourire car je comprends d’un coup toutes les lois de notre anti parallélisme : je m’attache, toi pas. Je te vis, toi pas. Je te cherche, toi pas. je t’espère, toi pas.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>J’erre ; tu voyages, je gribouilles, tu écris ; tu butines ; je trompe. tu sais que je ne suis pas ; la. je sais que tu pourrais être ; le.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Tu vis avec ; elles. je survis avec ; eux. tu pars pour vivre. Je vis pour partir.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
You're free, c'est comme ça. C'est un choix. C'est un non-choix. C'est le bout de toutes les petites morts mises bout à bout, de ces essais de découverte et corps haletants, étreintes souvent passionnées, jamais dénuées d'une certaine pudeur. De notre sexualité entre parenthèse, évoluant en bulle sans jamais aboutir. Cette rencontre, cette personne, ces jouissances, je me les garde. Avec le cristal grisé et la pensée qui tourne autour, on fera quelque objet baroque qui dans mon royaume de bric et broc charmera, et sera charmé, tour à tour.</div>
<span style="color: #999999;">_____</span><br />
<span style="color: #999999;">Et le chat repousse, du revers de la patte ces toutes petites choses...</span>PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-1765484419691994902016-09-13T10:00:00.001-07:002016-09-26T02:53:55.927-07:00Certifié inapte (in memoriam)<div style="text-align: justify;">
A la base de nos plus belles intentions se trouvent parfois des conflits inavouables, des échecs en instance. A l'origine de cette petite aventure il y avait de fait un net manque d’appétence. Et la conclusion ne fut pas en reste. Cependant, poussé au cul par un profond courant du rêve, je rempilais ce jour là pour une belle débâcle...</div>
<div style="text-align: justify;">
L'intention : c'était voler. Nous étions quelques-uns, des élèves, un stage.</div>
<div style="text-align: justify;">
Voici l'histoire d'un échec inéluctable, complet, parfait.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A l'épilogue, veille du grand vol, avant dernier jour du stage, rien ne tournait plus rond. Au café du matin l'instructeur annonça qu'Olivier était de nouveau absent pour cause de claquage. Idem Sonia, sa cheville retordue. Pas meilleure nouvelle de Cédric, porté pâle pour une foulure.</div>
<div style="text-align: justify;">
Au bilan il ne restait qu'un élève, une victime potentielle, aussi je recomptais rapidement : 2 bras, 2 jambes, tout en tâtant mes membres à la recherche de quelque douleur nouvelle. Mais rien. C'était bien moi, le dernier, seul intact. Une ancienne stagiaire était annoncée, cependant, qui se voulait promise au vol le jour même. M'a-t-elle sauvé ?<br />
Elle est arrivée. Alors on a filé s'entraîner sur la pente école...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est comme ça.</div>
<div style="text-align: justify;">
On essaie parfois des trucs, rien compliqué, comme se gratter le nez ou traverser la rue. Et ça finit mal. Il suffit d'un rien, il suffit d'un tout. Avant même de commencer l'action, la conclusion s'en trouve déjà pliée, induite par l'origine, par quelque mauvaise alchimie de l'intention.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce je ne sais quoi est parfois intangible, mais dès le début, tous voyants au rouge, l'affaire était pliée. Condamnée dès ses prémisses l'expérience de la semaine à venir... </div>
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De fait la veille de ce stage de vol libre, Piero s'était tué en deltaplane. Le coquin s'est offert un défaut d'accrochage, cette petite blague qui n'a jamais fait rire personne très longtemps. Cette horreur qui travaille nos imaginations de terribles claques.</div>
<div style="text-align: justify;">
Car c'est là tout le charme du delta, par la grâce de la position couchée, d'avoir le mousqueton d'accrochage placé dans le dos. On le voit pas, faut juste y croire jusqu'au moment où l'aile porte. Comme dans cette histoire de chat, où il convient d'ouvrir la boîte pour constater ce qui est mort. Or ce jour là elle a continué sans lui, l'aile, même son client n'a rien pu faire, que constater la chute et continuer le vol, les oreilles vrillées par un cri étrangement bref. Il est parvenu à atterrir indemne. Superbe introït. </div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Aussi, dès le lendemain, nous autres petits stagiaires attaquions la pente avec un handicap. Nicolas, un de nos instructeurs qui bossait avec Gianpietro, est resté pâle trois jours. Xavier, fondateur de l'école, était étrange. Poussant d'un air triste son fils à s'initier, il annonça dans le même temps qu'il ne volerait plus. Enfin, Béber gardait apparemment la gagne, mais a commencé son topo sur le thème de la chute. Restait plus qu'à porter les ailes, courir, pousser : tellement pas <i>life as usual </i>!</div>
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Il a suffit d'une petite heure pour que le premier stagiaire se blesse : voilà pour le claquage d'Olivier, qui l'a poursuivi toute la semaine. Puis au deuxième jour Sonia a commencé à se tuer la cheville, pendant que j'accumulais tôle sur tôle, plantant mon delta avec constance, frappant sans relâche du genou, de la tête, du bras...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
«<i> Porte ton aile. Écarte les épaules. Enroule les mains.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Regarde au loin, avec le sourire !</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Les pieds dans le même sabot. Voilà. Quand tu veux...</i> »<br />
Injonctions de la radio, voix grave et bien posée de Bernard ou Olivier</div>
<div style="text-align: justify;">
« <i>Commence en marchant. Engagement ! Lève les coudes ! Tourne les mains ! Pousse !</i> »</div>
<div style="text-align: justify;">
Premiers envols, délice aérien, premiers balbutiements des pioupious. Après quelques jours il y avait presque un semblant de cohésion, quasiment un groupe, de vagues séries de vols balbutiants. Parfois la radio lançait des bruits incohérents. Alors on restait tous cois, à l'écoute. Gianpietro s'essayant au dialogue dans l'au-delà...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au quatrième jour, Cédric, notre beau et jeune gagnant, a cessé de s'emmerder avec la troupe. Craignait-il notre concurrence, notre lenteur, ou nos progrès ? Il se mit à enchaîner les vols sans délai, sans se soucier des tours, du service du remonte-aile, de nos essais non advenus. Il a volé dès le lendemain. C'est le seul à y être parvenu. Mais il s'est fait mal à l’atterrissage, bêtement, en levant son delta plié. Voilà pour lui. Voilà pour nous tous : Gianpietro fâché, ne voulant plus voir voler personne...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le jeudi après-midi était annoncé libre : temps réservé pour une cérémonie à la mémoire du défunt. Le matin on a bricolé sur la pente, c'était bien. Cependant dans le cerveau d'Olivier le petit drapeau rouge remuait en tout sens. C'est alors qu'il a laissé partir en course Aymeric, un adolescent qui nous avait rejoints pour la matinée. Sans l'accrocher. Le regards qu'ont échangé nos instructeurs, alors ! Gianpietro soufflant le froid dans nos dos déjà bien glacés.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le lendemain, dernier jour, unique survivant. Arrive la petite nouvelle.<br />
Nous voilà partis pour quelques tours de pente école. Épilogue sur fond de prairie verdoyante.</div>
<div style="text-align: justify;">
Quatre vols ont suffit, ça n'a pas raté. Ils ont crié. On a couru. Rien de bien utile... Après qu'elle soit repartie en ambulance, j'ignore pourquoi, mais j'y croyais encore. Alors seulement j'ai surpris l'intention de Béber. On rangeait les toiles, il était au téléphone et disait un truc comme : « <i>J'pense qu'on va arrêter là, l'école, l'enseignement, les stages. Ouais. Nan. Ouais, vraiment. Juste envie de rentrer embrasser ma fille, tu vois</i> ».</div>
<div style="text-align: justify;">
Puis il s'est tourné vers moi. « <i>Voilà, bon, déso'. On va en rester là. T'avais pas le niveau technique de toute façon. J'ai fait préparer la facture, et cette dernière matinée, c'est pour moi !</i> ».<br />
Sans autre cérémonie, le stage a pris fin. D'un coup sec.<br />
J'ai recompté mes membres, quatre. Lancé un clin d’œil vers ce là-haut qu'on sait pas très bien dire : merci Piero. Puis redescendu la montagne d'un pas plus léger que jamais.<br />
<span style="color: #666666;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifvVPwq3qmc5I1Z_sWYeVmy4j0HJ4CSefrjJT0tvp4Tv6yHum-Dm9wx2P6slTQXbl67vYc15iQrYafvMgGC-zqzEBl7tzAiRj0yGStw0eOYgWL3p897eMQSfV4j4kbQwfhhlc0lXz7IjQU/s1600/Piero.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifvVPwq3qmc5I1Z_sWYeVmy4j0HJ4CSefrjJT0tvp4Tv6yHum-Dm9wx2P6slTQXbl67vYc15iQrYafvMgGC-zqzEBl7tzAiRj0yGStw0eOYgWL3p897eMQSfV4j4kbQwfhhlc0lXz7IjQU/s320/Piero.jpg" width="214" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
A LA MÉMOIRE DE GIANPIETRO ZIN, dit Piero</div>
<span style="color: #666666;">___</span><br />
<span style="color: #666666;">Pourquoi voler ? Car une fois que vous aurez essayé de voler, vous marcherez sur terre les yeux tournés vers le ciel, car là vous êtes allés, et là il vous tarde de retourner.</span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-61866660349258779842015-12-14T23:16:00.000-08:002015-12-14T23:16:04.204-08:00Oublier de rester (3/3) : survie en espace confiné<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Oh, l'ennui, l'ennui, l'ennui. Terrible ennui implacable ennui permanent
ennui ; solide poussière dans le quotidien partout imbriquée. L'ascèse presque
parfaite achoppe sur quelques détails bêtes, mais bêtes, alors il surgit.
L'ennui, l'ennui, l'ennui.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">L'ennui de ne même pas savoir disparaître dans l'imaginaire. L'ennui du
quotidien, avec les gens du quotidien, des gens somme toute individuels, un et
un puis un autre et encore un, unités sans étincelles, petites choses molles
qu'on peine à prendre au sérieux. Mais l'ennui ! Lui est un obstacle au-delà de
notre perception. Notre redoutable écueil.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">La fuite étant absolument hors-jeu, ni même la petite disparition
régulière, l'air de rien, qui transformerait ce jour de plâtre en passoire
à-coucher-de-soleil. Même. Même pas ça. Même ça, pas, non.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Dans la tonicité, chercher le salut ? Celle intellectuelle semble déjà
perdue pour la cause : disparus les besoins, ici règne le manque de tout, sauf
de manque. Où, la séduction ? Où, la possession ? Où, la joie simple de la
solitude sociale ? Atonie et catatonie dansent langoureusement devant mon
regard mort. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Celle musculaire est en question. Je tente. Bouge. Et retente. Prendrais
goût à cet effort, s'il n'était pas si désagréable de gesticuler avec des
machines. <i>Chit</i> ! Y revenir. A
cet effort. Élément de l'ascèse.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Celle sexuelle, dans l'auto-exploration ? Est une promesse. Rien qu'une
promesse. Chèque en bois rédigé sur le dos de la libido enfuie. Ce qu'il en
reste se love dans une débauche de pornographie, qu'on commente à table quand
on ne la visionne pas en groupe...<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Des jours, des semaines passent. Nous coulions dans une pâteuse routine
sans que jamais ne se déclenche la moindre sirène d'alarme. Il ne semblait pas
impossible que bientôt quelques-uns de nos membres, devenus inutiles,
s'atrophient puis tombent. J'imaginais nos corps revisités par l'inertie,
perdant l'allure après l'allant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Les pieds ne serviraient plus qu'à se gratter les oreilles. Les reins ne
filtrant plus que de l'eau claire développeraient quelque fonction auto
sexuelle. La verge massée des jours entiers gagnerait des proportions
colossales, membre absurde qu'on ne cacherait plus, dégorgeant sans
discontinuer ses humeurs inutiles. Le cœur enfin, le cœur surtout, aurait perdu
l'habitude de battre. Tout juste un petit coup de-ci, de-là, pour singer la
vie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Figés là par la routine et l'ennui, personne ne sut plus dire combien de
jours, de mois, d'années s'étaient enfuis. Nous avions depuis longtemps perdu
le compte quand eu lieu le premier événement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Je me souviens surtout du deuxième cas à bord. Anoxie, murmurait un des
mecs. Intoxication au dioxyde de carbone, ou peut-être aux hydrocarbures?,
proposait un autre. Un troisième a parlé du temps. C'est gris et frais
décidément, moi j'ai sorti un petit gilet, il a fait.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Nous étions là, attroupés inutiles, et tous glosions, les bras le long du
corps. Tous aussi démunis devant les faits, définitivement ignorants de la
cause, face au cadavre bleuit de ce collègue. Il était tombé là, comme ça, soudain
inanimé. Un trépassé de plus à force de confinement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">L'officier de sécurité se reprit un peu. Il conclura, lui, à quelque raison
consensuelle. Écrasement par une charge, ou quelque motif commun aux travaux en
mer. Cadré dans un bon rapport, ça passera. Ça passe toujours. Cependant, le
confinement... <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">C'est que l'espace, ici, est denrée rare.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Les ouvertures font défaut. Du jour où l'on pose pied sur ce navire,
quelques instants suffisent à reprendre la mesure du confinement. 111.5m de
long pour s'ébrouer, 40m de haut, au plus haut, du meilleur jour, de la plus
grande idée. 20m de large : c'est tous ce que vous aurez, pas un centimètre de
plus. Il n'y a guère que le grutier qui nous dépasse un peu, à l'occasion : <i>boom
up</i>, <i>jib out</i>, atteignant parfois 50m au crochet il va tout fringuant,
le menton haut, voit le monde comme aucun autre...<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ici, la ligne qui barre l'horizon est autre chose qu'une simple frange
entre ciel et mer. Elle est le trait tiré sur nos quotidiens, la négation
d'exister. La société qui nous échoit est ce petit reste, encadré dans l'acier,
s'étendant au fil de jours et nuits interminables, qu'interrompt tout juste le
coup de trompe quotidien : 12h00, essais d'alarme.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Il y a bien quelques tentatives. Une ou deux distractions brèves. Décrétons
le barbecue dominical. Ou un <i>muster drill</i> -exercice d'alarme générale-
hebdomadaire. Alors tous accourent, bras de chemise ou gilet de sauvetage,
suivant le cas, soulignant d'un sourire cette exceptionnelle rupture de
routine.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Mais à terme rien n'y fait. Chaque jour reste le même jour, chaque matin un
nouveau lundi, chaque réveil le même endroit, inéluctable fixité du cadre. Le
corps prisonnier de l'espace tend bientôt de lui-même au néant sémantique, il
n'y a plus de mots que dans les livres, bientôt eux-mêmes glissent de là
poliment et retournent à l'encyclopédie. Inusité, chacun va rejoindre sa page,
sa place dans le grand ordre alphabétique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ne restent que les pages désespérément blanches. La perspective de ces
feuilles nues me donne le vertige. J'empoigne un stylo, la plume la plus fluide
qu'on trouve ici, tente quelques signes, mais rien n'y fait. Plume blanche,
papier vierge, quelques gribouillis encore, puis bientôt plus rien.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">La respiration me devient pénible.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Depuis quelques jours je ne perçois plus les battements de mon cœur.</span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-23255064069472913492015-12-14T22:58:00.000-08:002015-12-14T22:58:34.367-08:00Oublier de rester (2/3) : jet sorcellery<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Un peu plus tard nous voilà toute une troupe, bien défaits, demi-consommés
par l'oubli, à s'entasser dans la carlingue. Entre pétroliers on se reconnait
sans doute possible, à l'allure, au relent alcoolique, et à quelques
accessoires. Un champ de casques Bose QR15 anti-bruit actif tout dernier cri
dépasse au-dessus des appuis-tête. L'avion s'aligne. Alors un mec sans doute plus
fou que les autres pousse la commande des réacteurs sur <i>TOGA</i> : <i>Take Off /
Go-Around </i>comprend l’avion parfaitement obéissant. C’est la puissance
maximale. L'avion accélère. Bientôt on dépasse V1, la vitesse limite de
tergiversation, puis vient la rotation, l'avion se cabre et se détache élégamment
du sol. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Cependant aucun d’entre nous ne savoure le luxe de ce transport. Même ceux
qui l'ignorent, petits nouveaux, le devinent : pour s'insérer dans la non vie
qui vient, il faut achever de mourir un peu. Aussi, plus tard pendant le vol, passé
le douzième ou quatorzième digestif, se déroule une étrange cérémonie. Les exilés
de l’or noir se démènent pour faire disparaître frénétiquement toute trace de
leur passé, comme s'il s'agissait de secrets d'états ou de documents
compromettants. On en voit remplir des sacs poubelles entiers de souvenirs
qu'ils confient au broyeur du <i>galley</i>. D'autres vont discrètement
s'enfermer aux toilettes et brûlent photos et lettres dans le vacarme de
l'alarme incendie. A ce moment du vol les hôtesses sont à hue et à dia, courant
partout avec extincteur, sacs pleins à craquer et masque à oxygène. C'est qu'il
convient de bien effacer tout ça, cette énergie folle de la vacance et du soleil
qui disparurent à l'horizon. Bientôt nous serons confinés mieux encore que dans
cette carlingue. Promis à un espace social sans air, sans circulation.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">De fait, lors de l'arrivée à bord du navire, le changement est cinglant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Poser le pauvre bagage suffit pour prendre conscience de la nouvelle
dimension à laquelle il conviendra désormais de se conformer. On est là, je
suis là. La vie tient dans ce bagage. Elle se déploie dans cette chambre, dans
cet espace. A pour limite cet horizon d'acier et d'eau. Etrange interface du
matériau le plus dur avec l'infiniment liquide. Bienvenue dans ta prison. Nous
ferons tout le nécessaire pour assurer ton confort, ta satiété. Il y a de l'eau
à profusion, quatre repas, trois pauses sandwich par jour, du café en libre-service.
Bienvenue ! <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ne reste qu'à régler un réveil – 5h30 pour la majorité, 6h30 pour moi, le chanceux.
<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Tout est en place, vêtement dans l'armoire, stylo, cahier : alors commence
le confinement. A compter de ce moment le temps est perverti. C’est là et
maintenant qu’il convient de s'arranger avec la réalité et le coefficient de
diffraction. Comme entre chaque chose -réunion, eau, air, rapport, sommeil,
mer, corps, bateau- il y a cette petite couche lubrifiante d'ennui, et une
subtile variation de vitesse : la fameuse diffraction. D'abord circonspects
comme de nouveaux Newton jonglant avec des pommes, on finit par comprendre et
user de cet artifice. Chacun y trouve son compte. Avec un peu d'habitude il
devient possible de jongler avec les interfaces, ralentir ou accélérer les
jours, les semaines. Il suffit d'alterner course et station immobile sans trop
de gourer, comme le petit bonhomme de l’un de ces jeux vidéo, bien planqué
entre deux obstacles tranchants jusqu'au moment opportun. Alors jours,
semaines, bientôt se confondent. Ça fait combien ? Je ne sais pas. Ce n'est
qu'un jeu. Aujourd'hui, lendemain d'un jeudi, est un jeu, aussi. Demain :
lundi, pareil.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Le temps formel ne s'écoule pas, sur le bateau : il s'évapore. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ici l'unité de quotidien est le lundi, aussi appelé <i>'jour'</i>. Tous les jours, le réveil. Tous les jours, lundis. Sept
unités font une semaine, mais la première ne compte pas, on l'appelle :
absorption. Dans tout autre cas en revanche, cinq ou six unités forment
également une semaine. On <i>dit 'petite
semaine'</i>, pour ne pas confondre semaine et semaine.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Aussi, après onze jours à bord, ce qui est bientôt mon cas, j'aurai déjà une
semaine plus une petite, ce qui fait : deux. Deux, c'est le petit tiers. Tout
ça tient du mensonge originel, qui veut qu'on croie tous rester six semaines,
quand en fait transit et fioritures inclus trois jours petits, mais entiers, se
glissent dans l'équation.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Un peu là, un peu là, des fois plus, beaucoup là, encore ici, et voilà :
une semaine entière, petite, mais entière!, peut surgir sans crier gare. Une
semaine ? Mais ça fait sept, alors! Ainsi les unités sont tout à la fois nos
atouts et faiblesses. Prises isolément, elles sont vite consommées, chaque
lundi tombant comme le jour pour le lundi qui suit, dès le lendemain, et non
sept jours plus tard comme le croient les terriens vivant sur terre. Prises en
groupe, elles forment des semaines, des mois, qui nous écrasent et nous
rendront, un peu baveux, bien sonnés, quand retentira la fin de cette réclusion.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ainsi des lundis, encore des lundis, de tripotés de lundis qui se
paraissent et semblent, du réveil, dring, au coucher, <i>pfuuu</i>, début fin travail travail, mais tellement piano qu'il faut
soigneusement le feuilleter de paresse, lenteur ici, là arrêt dans la cabine,
quelques pages de livre, quelques minutes de sieste, sinon ça ne va pas : un
écran d'ordinateur aussi grand, avec un accès au réseau aussi tout petit,
autant d'heures par jour ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Pour se détendre il y a le pont, et les lignes de pêche. Pratique timide et
marginale, mais excellente chair fraîche et marinade remarquable. Il y a aussi
traîner, causer, prendre des café avec l'un et l'autre. Il y a manger, manger
et manger encore mais décidément non. Mieux vaut la salle où se dépenser sur
des machines avec odeur vilaine et musiques drôles. Ou bien les deux. Ou bien
ni l’un, ni n’autre – la paresse de tout, l’état larvaire. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Cependant le vélo de salle n'emmène pas loin, les livres ont tous une fin,
le réveil sonne à 6h30, la fatigue frappe vers 22h ou minuit, et les hommes,
encore les hommes, que les hommes. Voilà une vie pas sacrée. Voilà des semaines
d'une vie qu'on distillerait et qui donnerait quoi ? Une barre d'acier ou
un cristal pur, inodore incolore mais pur, je m'imagine, en fermant des pages
de l’explorateur internet dédiées à la distillation maison. Ah, la
distillation… Mais il n’y a ici que des mots, que des mots et des jours. Voilà
pour nous, notre sort : le bord, les gens et la mer tout autour.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Petites nuances de bleu. Jours qui passent. Que pourraient-ils faire
d'autre ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Parfois je me lave un peu les cheveux. Me coupe un ongle. Deux. J'ignore si
ce sont là résidus de vie ou preuves que le toquant opère encore, quelques
battements par ci, par là.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">S'agit-il d'une tension infiniment contenue ou d'une détente bien au-delà,
détente consommée d'après la détente, comme l'athlète retombe après le passage
de la barre. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ce jour-là, il établit son record absolu. La chute qu'il initia alors comme
toutes les suivantes, contrairement à son ascension, ne cessa plus jamais. Il
tomba jusqu'à finir au sol, sec et bien achevé.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Comme dans cette chute, ongles et mots semblent m'échapper, comme par résignation.
Sautent d'un claquement puis tombent sans fin, perdus pour perdus. Entre
l'oreille et le sol il y a bien ce dernier rebond de l'un, de l'autre, qui est
comme la lune, beau et apaisant. Puis plus rien...<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Je suis en mer, cependant, c'est bien.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Je suis en mer, et les jours passent.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Le jour passe et les suivants, en tout semblables, que ma fatigue indiffère.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Combien ? Pas beaucoup ? Combien ? Pas encore assez. Combien !?! Ne compte
pas !<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ils sont tous le même, sans plus ni moins, presque rien de travail,
diablement monotones, foutrement bien payés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Se peut-il ? Il semble.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Des regrets ? Comment ? Pourquoi !<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Rien de tout ça. Juste la mer. Et les jours.<o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Des collègues. La routine. Et l'ennui.<o:p></o:p></span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-59514306751250380722015-12-14T22:42:00.000-08:002015-12-14T22:45:48.999-08:00Oublier de rester (1/3) : l'idée<span style="text-align: justify;">Qu'ils se dénoncent ! Qu'ils avancent d'un pas dans la lumière et avouent
leur forfait ! Même alors je ne sais pas si je leur pardonnerai. Sans doute que
non, jamais.</span><br />
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ces hommes, ces femmes, qui nous instruirent. Eux et les autres, tous coupables
! Ils nous ont formés avec complaisance, formatés au sujet verbe complément,
élevés dans les contes, loin de tout sens réel.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ça n'a pas été sans dommages. Aujourd'hui encore je croise des victimes
grandes comme ça qui toujours pensent qu'un prince charmant se cache au fond
des puits. Les voir embrasser tous les crapauds sans distinction m'embarrasse,
sentiment confus mêlé de honte et jalousie. D'autres, restés cantonnés au
confort binaire, appliquent religieusement les conjugaisons comme on récite des
tables de multiplication. Mais deux et deux ne plus font rien, mon bon ! Plus
plus rien !<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Moi-même je fouille parfois mes tripes, extirpant presque quotidiennement
des idées qui n'ont rien à y faire. L'autre jour, grand départ, j’allais
courant partout, voilà qu'une douleur foudroyante me saisit au côté gauche.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Encore deux pas, puis je m'étale de tout mon long, ce qui fait bien moins
de deux mètres, même avec des talonnettes. Les tomates cristaux tableaux tartes
à la crème et autres objets insensés que j'avais empilé sur mes bras continuent
alors en vol plané et bientôt atterrissent, fort heureusement à leur endroit,
dans l'ordre qu'il faut. Chapeau, je me dis, tout en pensant, ouille!, rapport
à la douleur. Tout près du cœur, ça craint. Fouillant mes poches à la recherche
d'un vaccin, extracteur, speculum ou tout autre outil d'apparence médicale, un
peu pour me rassurer, surtout pour guérir, en fait, je tombe sur un économe
avec un manche en bois vert. Non mais, vert ? Vert ? Qu'est-ce que cet économe
fout là ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Qu'importe, me le plantant ici, vers les côtes K1 et K2, au droit du cœur,
je fouille et tourne. Ca fait des gargouillis pas possible, incroyable tout ce
sang, il y a même de petits poissons pales qui jaillissent, vestiges d'une
récente baignade ? La douleur est démente, alors je hurle un peu. Ça ne soulage
pas vraiment, mais j'ai vu faire pareil dans un film. Coup de bol, voilà que
ressors le bazar et cette fichue idée est plantée au bout. Merde, décidément,
non : je ne leur pardonnerai jamais...
<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Cette idée plantée là, sans surprise pour un jour de grand départ, a trait
au voyage. Culottée, la perverse énonce que pour partir il faut faire une
valise, et ne rien oublier. Mais d'où diable peut provenir un truc pareil ?
Comment peut-on ainsi s'ingénier à avancer pareille billevesée ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Il devait penser à autre chose, le mec qui eut le culot d'énoncer ça un
jour. Ou peut-être étaient-ils nombreux, tous ivres, ce soir-là. J'imagine une
nuit de célébration, cette grande bande d'académiciens en goguette pour la
sortie d'une nième édition. Comme il se fait tard le patron du restaurant file
entre les tables, accablé. A une heure pareille, des hommes si respectables,
dans un tel état !?<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">C’était une auberge folle, au fond du Luxembourg. L’un avait finalement
sorti son épée et la faisait siffler, essayant de tracer des Z maladroits dans
les airs. Il manquait un morceau de doigt, de nez ou d'oreille à tous ses
voisins de table. Un autre avait un hérisson et tâchait de lui apprendre le
participe passé. Tous dépenaillés, cols ouverts, manches retroussées, avaient
mangé à belles dents. C'est alors que dans un ultime cri roque le chef de
séance a beuglé "<i>l'ooooooorde du
jour</i>", avant de s'effondrer dans la mare de vin répandue à ses pieds.
Et qui va nettoyer tout ça ?<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Aucun doute, c'est un soir comme celui-là qu'ils auront convenu de cette
idée et l'auront implanté dans le système commun. La voilà qui vibre encore un
peu au bout du manche vert, déjà sa couleur pâlit. Elle disparaîtra bientôt...<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Car je sais, car j'ai lu dans l'horoscope, car on m'a dit, car ce jour
singulier, pour le mode de voyage qui m'accable, tenant plus du changement
d'état que d'un <i>modus</i> ou d'un <i>viaticum</i>,
les actions se doivent opposées au sens commune. Tout le moins : inversées.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Aussi pour parvenir à franchir la porte, fermer la parenthèse et filer
sereinement, <i>faire</i> ses bagages et ne <i>rien oublier</i> seraient les
dernières idioties à envisager. Il n'est pour moi question ni de faire, ni de
se souvenir. Bien au contraire : défaire, et oublier. Défaire l'écheveau des
vécus, effacer toute trace de vie aux Sabines, ranger comme on déménage,
entasser tout dans des cartons, disparaître. Puis seulement alors, oublier.
Oublier d'avoir été, content, comblé, épanoui. Tout bien oublier et se concentrer
dans les gestes, les papiers, faire corps avec les quelques documents qui
définissent la migration à venir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">Ce mode de voyage s'apparenterait presque à la téléportation. Avant
d'envoyer cette mouche à l'autre bout de la pièce, dira le Seth de Cronenberg d’une
voix un peu bourdonnante, je dois décoder toute l'information sur la structure
qui la compose. La décomposer formellement pour n'en transmettre que l'essence
– l'information. Traduire la poésie du steak qui nous compose,
toi : mouche, toi : narrateur, steaks poétiques ! Tâchons
de ne pas penser à la fin malheureuse qui nous est promise. Cœur vaillant, cœur
léger, en route. <o:p></o:p></span></div>
<br />
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<span lang="FR">J'entrerai bientôt dans le <i>pod</i>
transmetteur. Suivrai la voie opposée à celle des misérables exilés qui
s'échouent en Europe. Eux fuient la misère à la nage. J'y retourne exploiter
les ressources du continent dans un confortable aéronef.<o:p></o:p></span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-23855318892296557742015-09-10T07:15:00.002-07:002017-05-03T20:29:54.456-07:00Tourisme anthropologique à Aspindza, et une chose importante<div style="text-align: justify;">
J'aimerais te parler d'un truc. Quelque chose que peut-être tu ignores.<br />
J'y ai pensé toute la journée. Là, d'ailleurs, j'y pense encore. Entre deux autres choses. En fait il est toujours bon d'avoir deux autres choses, ça fait un devant et un derrière, un entourage, un peu comme un matelas et un édredon, tu vois : la sécurité du sommeil, les songes, droit vers le ciel, bref. Cependant j'aimerais te parler de cette chose importante</div>
<div style="text-align: justify;">
que sans doute tu ignores</div>
<div style="text-align: justify;">
parce que peut-être elle t'est invisible...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un mot du contexte, d'abord - paumé bien paumé, n'ayant plus ni sous vaillant, dans cet endroit où la carte bancaire permet tout juste de se gratter les orteils, je me suis résolu à l'auto-stop en géorgien. Ça vaut ce que ça vaut et j'ai fini mieux paumé encore, et pas vraiment plus riche. Aussi ce soir je dors et dîne chez des particuliers dans le village d'Aspindza. On a convenu d'un arrangement, somme modique, accueil royal - j'y gagne.<br />
Alors que la nuit approche réapparaît pour la troisième fois un vieil homme : le grand-père. Ce soir à notre table il commence à me causer en langue fort étrangère mais pas moins explicite de ce qui lui tient le plus à cœur.</div>
<div style="text-align: justify;">
Signifiant de ses deux mains à moitié fermées qu'il saisit deux cuisses, accompagnant de grognements ses mouvements compulsifs du bassin, Nodar, 65 ans aux fraises, me demande en clair si j'ai bien baisé, beaucoup, assez, encore, ici, là, comme-ci, comme-ça. Tout ça, moi, en général, je m'en amuse. Cependant à force de rencontrer de vieux libidineux, je me dis : zut, mais ça fait bien le dixième, le centième, le millième que je vois ! Et ces gars, où sont-ils ? Dans aucun film ! Aucun livre ! Aucun rien !<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ils semblent n'exister que dans la réalité. Je prends conscience soudain que se tient là un personnage, au sens grand 'P', jamais incarné dignement dans l'imaginaire collectif. Nodar, après son mime, m'explique en russe approximatif qu'il ne s'est rien mis sous la dent depuis le siècle dernier. Que ça chauffe sévère, là, entre ses cuisses. Qu'une chèvre ou un chien, il ferait plus la différence !<br />
Ce mec est raffolant. J'en tombe dingue. Et puis, rencontrer le même, partout! A Tbilissi, en Arménie, dans les villages, dans les villes, dans le train de nuit qui m'a fait passer la frontière... Là, peut-être émoustillé par la trépidation des essieux et le vacarme des roues, mon adorable voisin jetait des regards diagonaux vers le *très* mauvais film sur mon écran. Puis à sa fin, sans attendre de suite, ni bon mot, ni communion phatique, il m'a fait banco : <i>porno, boumboum</i> ?!</div>
<div style="text-align: justify;">
Ces hommes... !<br />
Hommes accomplis, vieux, frustrés, obsédés, libidineux... Hommes tristement réels, ils composent une belle moitié du peuple humain sur cette planète.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dis-moi, toi, dis-moi comment tu pourrais m'en vouloir, si ce même Nadar, pareil au gars du train, insistant, traînant ses doigts sur l'écran que j'avais déballé afin de sauver un récit laborieux, a fini par voir, par saisir de ses yeux fous, par habiter de son âme ton cul tendu devant un miroir ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Après quelques centaines de photos -dont l'une de mon propre postérieur- il a enfin paru satisfrustré à souhait, accompli dans sa recherche, désespéré pour la bonne cause. Il m'a alors redemandé (c'est toujours la même novlangue), toi, <i>niquenique, bienbeaucoup</i> ? Craignant de le décevoir je n'ai pas osé évoquer deux semaines d'abstinence. Développer l'impossible fantasme du retour. Lui parler de smileys. De carrière. De la frustration qui comme tout homme me structure. </div>
<div style="text-align: justify;">
A ce moment les contenus de nos cerveaux syntonisaient à bloc. Harmonie virile. Alors même une langue n'aurait été qu'approximative, sauf si saisissant un corps ou l'autre elle avait été fouiller, caressante, au plus intime. J'ai gardé le silence. Du tourisme anthropologique, te dis-je.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce personnage de l'homme vieux, gonflé à bloc au-delà de toute limite, se livrant au lieu de se délivrer, ce vieux qu'on croise avec un léger dégoût dans le métro : fait écho. C'est lui, l'homme ultime, accompli dans son échec et sa frustration. L'achèvement d'une moitié de l'humanité. </div>
<div style="text-align: justify;">
Peut-être faudrait-il le faire vivre. Lui donner un premier rôle. Le branler d'imaginaire, l'intégrer dans nos développement scénaristique, le lier à nos conversations de ville, …tout ! Lui, c'est nous tous. Cette part la plus sombre de la masculinité qui m'échoie, que tu subis. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #999999;">___</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #999999;">J'avais probablement accordé <a href="http://www.houellebecq.info/">trop d'importance à la sexualité</a>, c’était indiscutable ; mais le seul endroit au monde ou je m’étais senti bien c'était blotti dans les bras d'une femme, blotti au fond de son vagin ; et, à mon âge, je ne voyais aucune raison que ça change. L'existence de la chatte était déjà en soit une bénédiction, me disais-je, le simple fait que je puisse y être, et m'y sentir bien, constituait déjà une raison suffisante pour prolonger ce pénible périple.</span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-11459763923383233282015-09-07T03:37:00.000-07:002015-09-07T03:37:03.765-07:00Fin des retransmissionsCoup d'épistolaire donné de face à bout portant,<br />
Le myocarde steak haché depuis longtemps :<br />
Hors d'atteinte ! Tu t'en seras doutée.<br />
Mon anamour transitoire et moi, tristes rescapés<br />
Avons tracé les routes, la lande, rompu bien des embrayages<br />
Inadéquation des genres : la voiture aussi renonça au voyage.<br />
<br />
Avec le temps tu vois les chimères s'évanouir<br />
Derrière le volcan éternel. Horizon flaccide !<br />
Mélange, incohérence ! On aura eu le temps de rien user,<br />
Brûler tous tes espoirs en aucune chamaillade<br />
Et repartir cahin-caha, violon alto sur l'épaule<br />
Dans les remous encore... De nos turbulences.<br />
<br />
Nos routes parallèles s'étant croisées un jour<br />
Euclide un peu pâle se gratte l'occiput<br />
A nous voir tant diverger le savant latin titube<br />
Et Paola déçue lâche des bordée d'injures !<br />
Nous v'la unis dans la discorde, petite<br />
C'était un beau mensonge qui n'a pas perduré.<br />
<div>
<br /></div>
<div>
<i>"P.S: Tu peux mettre ma clef dans la boîte aux lettres, le code remarche."</i></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-87292528828224862772015-07-03T14:04:00.004-07:002015-08-27T06:05:43.102-07:00Coin de marche du réel <div style="text-align: justify;">
Redescendre sur terre est dangereux.</div>
<div style="text-align: justify;">
Redescendre sur terre est exigeant.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais rester dans les airs ? On est
fragile, là haut, richement lovée dans un hamac. A tout instant la
porte s'ouvre, voilà le bourreau qui rentre, fatigué. Il pose sa
hache sur ton ventre. Aux endroits où l'acier touche ta peau un flot rouge une
vibration, épiderme saisi d'effroi. Non. Il ne faut pas. Aussi convient-il de
descendre avant son retour et la disparition du soleil. Ne garder que
la chaleur des rayons et le souvenir de son autre main,
bienveillante, qui toujours su trouver le coin nu, même sous les
vêtements, nu, cachant tant bien que mal l'autre main, embarras que
ces 56 kg de bois et d'acier maculé.
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Cependant redescendre est exigeant,
voir dangereux, on l'a dit.
</div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a les étages. Il y a les marches.
L'escalier du réel.
</div>
<div style="text-align: justify;">
Jusqu'au quatrième étage, encore, on dirait
que tout va bien. La pression de l'air ne varie pas trop. Petite
volée de marches. Allant enjouée de la nuit bonne et du jour beau.
L'avenir importe guère. Qu'en sera-t-il ?
<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Voilà d'autres gens qui montent.<br />
C'est
déjà plus compliqué qu'une bête descente. Il convient de croiser, saluer,
regarder, sourire. On ne croise pas simplement, dans un escalier. Monter ou descendre des marches n'est pas inné chez l'humain qu'on
voudrait être. Il faut au cerveau, aux muscles, apprentissages et
efforts conséquents. Sens animés déterminant le bas du
haut, le vrai du faux, le monte déjà celle là en attendant la
suivante. Puis les variations de ce même thème : sans tomber, en courant, une par une,
deux à deux, et tsétéra. Ainsi croiser s'avère en réalité manœuvre d'évitement corporel autant que communion sociale, et s'ajoute au
travail déjà pas bien rémunéré, au danger permanent, de cette chute suspendue, marche après marche.
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Les gens montent. Oh, ils montent.
Eviter les gens qui montent. Celui-là sent la peur avant d'être
visible. Celui-là apparaît bientôt, et c'est lui, soudain, ton
bourreau, ton amour. Son visage est celui tout décomposé de l'innocence coupable, comme un enfant
pris sur le fait. Quelques marches plus bas apparaîtra bientôt la
hache au fil brillant qu'il a envisagé ce jour.<br />
Oh, toi ! Eh,
bonjour. Je... suis, avec une... Comment dit-on ? Hache ? Amie ?
Intention de rompre, briser l'élan de ton cœur, savonner tes
marches, précipiter ta chute ? Je suis avec une amie, voilà. Très
bien, tu réponds, sans rien décomposer, sans cesser la descente,
effroyable, où s'arrêtera-t-elle celle-là, désormais ? T'as
répondu simple, élégant, condamnée aux yeux ouverts, tout en
croisant, évitant, saluant, continuant vers l'échafaud que l'avenir
toujours nous réserve. Plus jamais le même, chaque marche plus rien jamais pareille.
Croisant effarée cette brune hache qui suit plus bas, qui regarde ta nuque
sans savoir mais avec déjà ce frémissement inné, de l'orgasme à
venir, de l'assassinat déjà à demi perpétré...
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Ainsi l'escalier s'est fait scène. On
remerciera bien les acteurs, prestation impeccable. Le décors
parfait. Les portes bien fermées, les œilletons qui n'en perdirent
pas une miette. La tête qui tombe et roule, rebondit de marche en
marche, elle irait jusqu'à la cave si la porte en était ouverte,
achever sa descente dans un lit de la poussière qu'il faut. Vol, bruit mat du
crane, gémissement des marches pas trop habituées à de tels chocs, rebondissements multiples que l'écho confond, reprend, amplifie...</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Tuer, comme ça !?<br />
Était-ce l'intention
?<br />
L'avocat malicieux plaidera que non, un bourreau peut bien se
balader avec une hache, c'est bien le moins, son instrument de
travail, enfin, sans intention de nuire. Sourire gêné des passants
qui le croisent. Volée d'étincelles au contact du pavé. Petit
sauts d'évitement et de surprise que font les enfants en voyant,
toujours trop tard, alors que l'étreinte de la main du père, de
la mère, soudain s'est raffermie, à la limite de la douleur.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
Pouvons-nous sérieusement penser, madame la présidente, mesdames et messieurs les jurés, qu'il n'y
aurait pas intention alors que l'accusé s'applique à mentir, tout
du moins pervertir jusque la pauvre, sincère et innocente réalité,
épingle sa victime dans le cocon de son domicile, pour mieux la
saisir avec l'arme, sûr de son fait ?
</div>
<div style="text-align: justify;">
Manque de chance, glisse l'avocat, ils
ont convaincu l'escalier de se porter partie civile. Le jeu va être
serré. Je vais arguer de polytraumatismes, étaler des faiblesses,
jouer notre va-tout. Invoquer la <i>maxima indulgentia</i>.
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Alors il se lance.<br />
Pas plus que pierre
qui roule, ou pierre qui descend, pierre qui monte n'a d'intention.
De même la tête. Aussi bien celui-là qui va cahin-caha avec une
hache par les chemins de la vie. Simple précaution. Goût de
l'objet. Sensation rassurante que confère son poids, contact froid,
certes, mais pas désagréable du fil de lame. Ouf. J'espère qu'ils
ne déterreront pas de précédents actes pervers, idiot !</div>
<div style="text-align: justify;">
Puis continue. Mon client souffre. Mon
client a toujours fui l'amour sous quelque forme que ce soit. Les
formes les plus rondes roses et douces, surtout, l'amour
barbe-à-papa, l'amour cœur-en-chocolat, bien entendu, mais aussi
tous les autres.<br />
Au delà du mot de 5 lettres il faut
imaginer la souffrance du garçon qui doit trop tôt y renoncer,
devenir le père de son parent, assumer le renoncement à ce doux
refuge. Très tôt vivre hypothétiquement, laisser de côté la
possibilité de conjuguer être au futur. Je ne sera jamais !</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
<br />
Entre la victime. Un peu désorientée,
tête sous le bras.<br />
La salle est belle, or et boiserie. La salle
murmure, silence!, ou je fais couper toutes les têtes. A ces mots
quelques fourmillement, des doigts sans hache se referment en point
final. Elle avance, la victime, vachement élégante dans son jupon
hors d'époque. Murmures. Pas bon pour nous, ça.
</div>
<div style="text-align: justify;">
Je l'aime, elle fait. Avant j'étais juste
amoureuse. Une fille amoureuse, pendant un an. Puis le temps, tout
ça, son départ, m'ont mûrie. Maintenant je l'aime, corps et tête
d'amour je l'aime ! Évidement elle n'a pas toute sa tête, dira le
procureur. Mais elle peut bien retirer sa plainte, l'escalier pèsera son
poids, ce sera perpète. Mon amour, non!
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Alors le hamac, jamais neutre,
qu'était assis au dernier rang de la salle, se lève discrètement
l'air d'aller prendre un appel. Pendez-moi ce hamac, complice du
soleil, qui firent la réalité visible, voir l'horreur du mensonge.
Je suis dégoûté. Pas besoin de se retourner, on entend le
glissement de ses fils sur le parquet vernis.
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Pour la reproduction des faits les
jurés lubriques voulurent tout voir, tout savoir. Montrez-nous
comment il vous a fait ça. Comment son corps, comment ses hanches,
et ses mains sur vos seins. A-t-il croqué la mozzarella ? Ils ont
croqués, de concert, la blanche innocente. Qui d'abord, sûr que
lui!, le jus blanc coulant dans sa barbe. Mais alors, ensuite, il a dit quoi ? J'ai
piscine, je reviens dans cinq minutes ? Sûr qu'il l'aura entortillée
de soleil et d'ivresse, ligotée au hamac, laissée pour bientôt
morte.
</div>
<div style="text-align: justify;">
L'escalier, faites entrer l'escalier !
Dès ce départ j'ai gémi sous le poids de sa culpabilité. Ordure,
ordure. Venu à deux, repartant seul, et le poids de son corps, et le
choc de ses talons. Faites tomber ce masque d'implacable mensonge qui
le tient.<br />
A-t-on une photo de la hache ? Celle-ci bien explicite,
voyez, elle écarte les cuisses et un éclair rouge en jaillit. Faites
sortir les enfants ! Quel phénomène, je peux revoir le phénomène
? C'est peut-être l'électricité statique ?<br />
<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Mais alors... Si on avait mis le hamac dans
l'escalier ? Ou les marches sur la terrasse ? Si on avait les mots
pour le dire, au bon moment, au bon endroit, elle écouterait quand
il dirait; puis il écouterait à son tour. Ce serait clair
d'expression limpide, des sujets des verbes des compléments par
rangs de trois comme à l'armée, pas une boucle qui dépasse. Il
aurait dit tu sais, elle aurait dit oui. Mon amour. Je sais. Soyons
l'un pour l'autre comme ci comme ça, et toujours une petite
galipette pour fermer le banc, affermir le propos et combler la chair
joyeuse.<br />
Si on avait su à temps, donner prendre, prendre donner, et
dire toujours bien et plus, ce qu'il faut, quand il fallut. Tu sais ?
Je sais. Mon amour. Si on avait mis le soleil dans ton cœur, toutes
les haches à la cave, disons que je serais en mer à jamais pour
toujours, chacun sa place, chacun son continent. Oui, mon amour.
Alors chaque tête sur chaque paire d'épaules, jamais tomber, jamais
escalier, chacun chemin faisant se souviendrait de l'autre dans son
corps intègre. Là aussi, bien sûr, le souvenir, mais trop vif!,
tellement sanglant!
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Quand j'étais petit, j'aimais très
fort. Puis j'ai fui, tous les possibles. Appris à aimer, séduire,
enfin, aimer séduire, mais aimer encore, ou plus jamais ? Il y avait
tes mots, tu sais, il y aura toujours tes mots. Je sais, mon amour...
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>Quand j'étais plus petite, j'étais plus tendre.</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>J'aimais ma mère avec toute ma souffrance.</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>J'avais toujours envie de courir me jeter contre elle,</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>de l'embrasser par les hanches et d'enfouir ma tête dans son ventre.</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>Je voulais me greffer à elle,</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>faire partie de sa douceur et de sa beauté.</i></span></div>
<div style="text-align: right;">
<span style="background-color: white;"><i>Venu avec la raison, l'orgueil m'a fait haïr le vide amer qui se fait dans l'âme afin qu'on aime.</i></span></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mesdames et messieurs, la cour. Veuillez vous lever. Étant établi que dans les draps encore
tièdes la hache et dans l'escalier la victime de hamac et soleil
entortillée, vu les antécédents et précédents établis du
coupable et des ses complices Sabines, vieux tours de passe-passe et
profusion des clefs, registre des coïts à votre disposition et
richement illustré -je vous laisse consulter-, vu l'impardonnable,
l'inexcusable, l'irréparable, et malgré le jeu de scène parfait,
la lumière du ponant résonnait comme une orange, nous, les jurés,
on dit qu'il a foiré, grave.
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0in; text-align: justify;">
Coupable, car voici enfin ton jugement
écrit de toutes tes forces, depuis toutes ces années, rendu par le
peuple, pour la république. Baver, bavera. Mon salaud, on te
condamne à persister d'être, et ainsi te laisserons confronté nu à
la question. A chaque marche, chaque escalier, chaque jour, chaque
étreinte, tu ne sauras plus pourquoi. Le corps éructe encore, t'as bien de la chance. A une autre époque... Enfin, éructe, éructe. <i>Post coitum</i>,
animal idiot, draps tièdes, tous coupables !
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #999999;">___</span><br />
<span style="background-color: white; color: #999999;">Remets du rimmel à tes cils</span><br />
<span style="background-color: white; color: #999999;">Lola qui t'en iras bientôt</span><br />
<span style="background-color: white; color: #999999;">Encore un verre de liqueur</span><br />
<span style="background-color: white; color: #999999;">Ce fut en avril à cinq heure</span><br />
<span style="background-color: white; color: #999999;">Au petit jour que dans ton </span><span style="color: #999999;">cœur</span><br />
<span style="color: #999999;"><span style="background-color: white;">Un dragon plongea son couteau</span></span><br />
<span style="color: #999999;"><span style="background-color: white;">Est-ce ainsi que les hommes vivent</span></span><br />
<span style="color: #999999;"><span style="background-color: white;">Et leurs baisers au loin les suivent</span></span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-18394874265260036822015-01-02T07:49:00.001-08:002015-03-07T08:39:35.685-08:00Paterne du désordre<div style="text-align: right;">
<i>Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos,</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C'est pas moi qui l'affirme. Il s'agit même d'un principe scientifique : tout est question de désordre. Même que, fondamental, le principe. Le désordre partout, toujours plus de désordre. L'entropie se gave, c'est la plus grande banque du monde !</div>
<div style="text-align: justify;">
A chaque pensée, chaque geste, idée, action, même pire, inaction!, vacuité!, elle prend son dû. Le petit pourcentage de chaos est la taxe la mieux recouvrée du coin.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd5BpLP8C4uCiLCcNMfEIyFb5zoiAWFc4y0etCijJtWvxSRRB4KBBy2c4V7qIPijrFvYjZs3FemLsy231mfbkC0lyEQqmjMsIuJ9DldDVxSpfstJUx7pw9ltppvh8Pjttdj_tQOpWis-s4/s1600/sdfvbdfbdfb.JPG" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgd5BpLP8C4uCiLCcNMfEIyFb5zoiAWFc4y0etCijJtWvxSRRB4KBBy2c4V7qIPijrFvYjZs3FemLsy231mfbkC0lyEQqmjMsIuJ9DldDVxSpfstJUx7pw9ltppvh8Pjttdj_tQOpWis-s4/s520/sdfvbdfbdfb.JPG" width="520" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
Mais, la loi et l'ordre ? Pteu !</div>
<div style="text-align: justify;">
Inventions anarchistes, délires de pochtrons, sont des bulles géniales où concentrer l'énergie du chaos. Façon big bang. Au jour suivant, tout de relents festifs, de renvois mal aiguillés et indomptables xylocéphalées, on retrouve ce furoncle de loi, beurp, et d'ordre, prout, qu'il faut percer s'il n'éclate pas. Alors pan!, double dose de désordre, infection chaotique, septicémie systémique, tout pire, tout plus grave encore qu'à l'origine.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et l'homme, me direz-vous ?</div>
<div style="text-align: justify;">
L'homme, pauvre bête, n'est qu'un réceptacle de plus à cet usage. Façonné avec soin et rigueur par de braves ouvriers -si, si, des comme on imagine, salopette de coton grossier bleu délavée, mains épaisses, regard plissé et clope au bec- il est dédié tout entier à la cause. Au désordre.</div>
<div style="text-align: justify;">
Sous des apprêts parfois séduisants, la machinerie de grourg blop glorologlorolo que chacun peu identifier en y collant l'oreille travaille temps plein soir et week-end, à pondre carcinomes, gas, tissus gras et tumeurs... Un festival quotidien d'oncologie et autres joyeusetés. A coup d'apoptoses et de macrophages l'ensemble semble subsister un instant. Se maintien brièvement en suspension près l'idéale fesse de bébé lisse et rose, puis penche glisse plonge et bientôt se fracasse plus bas que terre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhg1IoTPeBAbBUE0saQDfo2Cfa71US7xcaEssRvm2ci4A-Y3E3LfXrNWCEK6YjTWZyru4fpSGBUJVFoG4wgFHukKtBnfZGTcHIo0ssrvvschsT4amT38ZS8ho816pGDFnGlAtdlEfWogk7/s1600/Capture.JPG" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhg1IoTPeBAbBUE0saQDfo2Cfa71US7xcaEssRvm2ci4A-Y3E3LfXrNWCEK6YjTWZyru4fpSGBUJVFoG4wgFHukKtBnfZGTcHIo0ssrvvschsT4amT38ZS8ho816pGDFnGlAtdlEfWogk7/s520/Capture.JPG" width="520" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mieux encore, ce temple des processus vitaux se distingue par les idées.<br />
Les idées, ah ! Sheitan nous en garde !</div>
<div style="text-align: justify;">
Essayez voir de penser. Tous, nous savons de quoi il retourne. D'évidence, même si le nions un peu, il n'y a pas plus affligeant et désordonné que l'idée humaine.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le désordre partout. Ah!, capharnaüm à tous les étages, festival d'inordination, grand chambardement. Admirons quel pinacle la pensée humaine atteint à travers cette sélection appliquée des plus fins esprits de notre temps :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhawre9xvXNJfRroPKBiz_7YllEecv-_EWncF8tDxHM2RN_dr3z2qV4DWN_4prlnD4Ex68stmU7hW7fJzxu22I1SohqfPM5dNzlpnmIhXiFVGaH3_hUKRsl5TO81CSFQJ1L1utLJtrKH6KV/s1600/Untitled.jpg" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhawre9xvXNJfRroPKBiz_7YllEecv-_EWncF8tDxHM2RN_dr3z2qV4DWN_4prlnD4Ex68stmU7hW7fJzxu22I1SohqfPM5dNzlpnmIhXiFVGaH3_hUKRsl5TO81CSFQJ1L1utLJtrKH6KV/s520/Untitled.jpg" width="520" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Arrivé à ce point de la lecture, mollement convaincu, faîtes moi le plaisir de déranger votre chambre!, votre vie!, ouvrez toutes fenêtres aux fougueux courants d'air.</div>
<div style="text-align: justify;">
Faîtes sauter les tiroirs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dérangez les classeurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mettez le linge sale dans un coffre fort. A la machine, l'argent !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Bon sang, qu'on se sent mieux, déjà...</div>
<div style="text-align: justify;">
Dans le chaos enfin assumé de ta vie, assieds-toi, camarade.</div>
<div style="text-align: justify;">
Rien ne vaut la peine de rien, alors restons là, tu veux. Prends un verre du meilleurs, du plus fort, et vois comme ta vie ne vaut la peine, ne l'a jamais valu.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Demain au réveil, mon ami, pas de réveil !</div>
<div style="text-align: justify;">
Mon poing sur la gueule la machine bruyante, écrase encore un songe à la santé du tord boyau qui vient, qu'attendra au bord du lit s'il est plus temps, va et ronfle.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Tout est question de désordre, et cependant.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je tiens personnellement à jour la liste des ouat'mille désordres qui m'accaparent, classés par ordre alphanumérique.</div>
<div style="text-align: justify;">
Du cycle de nos chaos un schéma global émerge. La matrice du désordre est là, cachée au cœur du foutoir. Ton chaos, mon chaos. Essayons encore. Mon chaos, ton chaos. Chacun par sa paterne isolé gagnerait à syntoniser avec autrui. A l'internationale des désordres, au club des désorganisés, au merdier qui j'en suis certain dominera sans partage, mesdames, messieurs, je lève mon verre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #666666;">___</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #666666;">Mais tout n'est que désordre, mon bon. Désordre que les végétaux, les minéraux et les bêtes ; désordre que la multitude des races humaines ; désordre que la vie des hommes, la pensée, l'histoire, les batailles, les inventions, le commerce, les arts ; désordre que les théories, les passions, les systèmes. Ça à toujours été comme ça. Pourquoi voulez-vous y mettre de l'ordre ? Quel ordre ? Que cherchez-vous ? Il n'y a pas de vérité. Il n'y a que l'action, l'action qui obéit à un million de mobiles différents, l'action éphémère, l'action qui subit toutes les contingences possibles et imaginables, l'action antagoniste. La vie. La vie c'est le crime, le vol, la jalousie, la faim, la mensonge, le foutre, la bêtise, les maladies, les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, des monceaux de cadavres.</span></div>
<div>
<br /></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-16147469159241213352015-01-01T00:19:00.003-08:002015-01-01T00:20:17.307-08:00Les ongles poussent<div class="Standard">
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR">les ongles poussent les cheveux grandissent</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR">c'est à ça et plein d'autres petits signes qu'on peut dire, tiens, </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR">il passe, il
passe, il n'arrête pas de passer cependant on retourne à des choses et d'autres
mais ça n'empêche pas </span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
alors par exemple un jour tu te décides à couper un ou
deux ongles et décidément tu vois comme ils sautent et retombent au claquement
de l'outil et voilà, ça fait des jours, des semaines, des mois, qu'on est là
sur la mer, qu'on se connaît, qu'on boit, qu'on se prive, qu'on grandit en
s'enrichissant et en s'appauvrissant, mais c'est toujours le même corps et les
même désirs, mais c'est toujours la même ville saison après saison, quel que
soit le continent, la même femme, le même homme cependant demain ce sera encore
lundi, comme tous les jours, comme tous les lundi, il prend son temps pour passer le con, et </div>
<div style="text-align: justify;">
si tu voudrais, en courant un
peu, à peine beaucoup, </div>
<div style="text-align: justify;">
on se rattraperait et ce serait tous les instants
d'éternité qu'il faut, </div>
<div style="text-align: justify;">
pas un de plus, pas un de moins, juste ceux là et pas
les autres, tu vois ?</div>
<span lang="FR"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span lang="FR">donc bref, un jour, un signal, un autre jour non, comme les vagues, comme la pluie, tout varie un jour toujours
varie toujours. il reste les ongles, les idées, il ne reste plus ni ongle, ni
idée. </span></div>
<span lang="FR">
<div style="text-align: justify;">
juste le temps. </div>
<div style="text-align: justify;">
juste le temps...</div>
</span></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-69233145050400663522014-12-31T13:22:00.000-08:002017-12-20T11:51:33.588-08:00L’œil, la main, la bouche si tu as des mots à dire, il faudrait me les dire maintenant, tout de suite<br />
mais si tu ne veux pas me les dire maintenant, tout de suite<br />
tu pourras me les dire plus tard, une autre fois<br />
<br />
et puis si tu as des mots à lire, il faudrait me les montrer maintenant, tout de suite<br />
mais aussi tu pourras me les montrer un autre moment, plus tard<br />
<br />
en fait tu peux tout aussi bien être, que disparaître<br />
tout en restant présente, et insupportablement distante<br />
il y a un atlantique de nouveau, pour assurer la séparation<br />
plus la cordillère des Andes, n'en parlons même pas<br />
plus l'équateur...<br />
<br />
je t'imagine au pied de l'immeuble<br />
ici même, à Antofagasta, cherchant à me voir<br />
mais tu n'es pas au pied de l'immeuble, tu n'en as même pas l'adresse<br />
alors je serre cet oreiller, comme je t'ai serrée, comme je t'aurais serrée si j'avais pu encore<br />
et repense au contact de nos peaux et la préhension de mes mains sur ton corps<br />
puis convoque l'imaginaire et décide que oui, tu es là au pied de l'immeuble cherchant à me voir, et moi oui je peux te voir, d'ailleurs je te vois, il n'y a pas besoin d'immeuble pour utiliser son œil<br />
il suffit d'être un peu, et de vouloir beaucoup<br />
<br />
ainsi continue mon délire très loin de cette réserve un peu froide qu'il faut, qu'il faudrait?, de la méfiance des hommes qui restera après que tout le monde aura disparu, la méfiance tout elle, rien qu'elle, et l'absence, saloperie incurable.<br />
<br />PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-38679505642792886012014-07-01T08:38:00.000-07:002015-03-07T08:52:46.942-08:00Travail dur frontière cruelle épreuve<div class="Standard" style="text-align: justify;">
On aime le symbole dans cette caverne.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Le symbole, vous savez, ce truc fumeux qui reste à l'homme quand, ayant gardé ses chaussettes, glisse son caleçon jusqu'aux chevilles.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Aussi c'est avec un soin bien particulier qu'il convint de choisir la date de cette frontière. Eurêka! criait Tintin au pays du soleil, ayant découvert martingale, date et heure parfaites pour sa mise à mort.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Eurêka, alors.<br />
Cette annonce était sur un bout de journal qu'allait pour jeter le captain - hublot ouvert, pogne fermée sur le précieux papelard. Et la pogne approche, et le vide menace, chaque instant plus proche, quelle angoisse!, cette annonce, qu'en sera-t-il ?, ne conviendrait-il pas de laisser filer, continuer en vol ? Zut !...Trop tard !<br />
Envolé le papier il fallut sauter, toute une affaire, ça, la chute, les bleus, et tout ce vide qu'on a laissé grandir partout autour, vaste comme un monde.<br />
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Sur le papier enfin, grammage bien particulier, texture peu commune, brûlant au toucher : eurêka.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Il est marqué : travail, 1er juillet, expatriation. Pas autre chose, pas autrement. En filigrane, peut-être, ou à l'encre sympathique ?</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Alors gorge bien serrée, tout symbole bu, caleçon remonté sur le pubis, ce fut une drôle de cérémonie de remballage. Faire une autre valise, ultime valise. Un dernier ménage, ah, si seulement. Puis filer. Filer, tudieu, c'est pas comme si on savait pas faire ! </div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Voilà qu'un mardi matin, ce fut aussi mon tour.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
J'embarquais la veille dans un avion aussi exténué que moi, la caboche bien douloureuse d'une cérémonie copieusement arrosée. Mon cerveau branché directement aux commandes aurait certainement viré plein pot, demi tour et <i>full</i> <i>throttle</i>.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Un poing serré au bide,<br />
une larme à la commissure des paupières,<br />
j'avais dansé du matin au départ, bien trop longuement, au milieu des vestiges de mon ancienne vie. Oubliant soigneusement ici et là l'essentiel, je n'en rassemblais que les fragments les plus absurdes dans d'inutiles sacs de voyage.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Puis, charriant cette peau morte commençais la migration à reculons. Chaque instant plus loin de Paris. Malgré mes désespoirs l'avion, puis le rasoir, puis le réveil, puis le train me rendirent, glabre et désenchanté, dans un lieu propice au changement d'asymptote.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Il y avait là des tables des chaises des gens et on m'accueillit, bonjour bonjour.<br />
Quelques uns parmi les cent, ça ne m'a pas échappé, chantonnaient une marche funèbre <i>mezzo voce</i>. L'un deux m'a même offert un petit cercueil où ranger les clefs de ma quête absurde, de vieux lambeaux de sabbat et le petit noyau de vacance gardé, sucé, mâchouillé jusqu'à la trame depuis deux ans...</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Me voilà au travail.<br />
Au travail. Attention!, j’ai pensé. On peut s'attendre à plein d'épreuves. Surtout le premier jour.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
L'un laissera distraitement la porte de sortie ouverte, grinçant très tendrement, aguicheuse en diable, alors que le chant monotone de la photocopieuse, va, vient, semble dire pars-va-t'en, pars-va-t'en, pars-va-t'en !!! Il ne faut pas craquer. Tenir, stoïque, le document aussi inintéressant soit-il, bien droit devant et au niveau des yeux.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Je parvenais ainsi à la fin de matinée sans trop d'encombre.<br />
Alors midi survint. Soleil ardent, chant des cigales, table en plastique et quatre chaises.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
La première épreuve prit la forme d'un déjeuner entre collègues. Satanées ordures ! Dès le premier jour, l'épreuve la plus effroyable, amenée avec gentillesse – "on va déjeuner, tu viens ?"...</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Nous voilà dans la petite voiture de Guillaume, roulant viril et heureux de ses excès, enchanté d'aller nous soumettre aux expériences sadiques d'un dangereux cuisinier. Bientôt nous sommes, quatre et la table en plastique qui font cinq, près d'un vil rond point, indispensable accessoire du village de Provence. </div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
C'est un restaurant vietnamien dont le même collègue est fier de réciter le menu par cœur. Pour sa part Fabien a choisi des nems, mais bave par anticipation sur les plats des uns et des autres - "Tu vas manger tout ton riz ?" - parce que moi, j'ai un de ces appétit,<br />
ajoute-t-il, et bla bla bla,<br />
et ceci et cela, le voilà lancé en mode parfaitement grossier, jamais finaud, sur le sujet passionnant des valeurs comparées du logement de l'un, de la voiture de l'autre, mettant chaque fois en exergue le défaut le plus criant, le travers le plus pathétique.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Guillaume pour sa part restait enrayé sur le même sujet, toujours vantant grassement sa conduite sèche et sportive (d'autres plus censés diraient violente et dangereuse). Tous opinaient comme des chiens de plage arrière.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br />
Chacun glosa aussi à loisir son ignorance de la cuisine vietnamienne, félicitant le chef obséquieux sans prêter attention aux jappements et miaulements désespérés qui nous parvenaient des cuisines. Aucun doute possible, il s'agit bien là d'une brochette de champions.<br />
<div class="Standard">
Hors catégorie, parmi les plus dangereux, à éviter tout prix, ne jamais affronter, surtout pas en meute !<br />
<br /></div>
</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Pitié. Parlons d'alcool, de bricolage, de centre commercial, de n'importe quoi pourvu que cela reste impersonnel et apolitique !</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Très raide sur ma chaise, je pensais l'échappée, imaginait à toute blinde telle et telle combine dialectique, prévoyant le coup bas, préparant l'esquive. Avec pareils pervers on est jamais à l’abris, l’un d’eux pourrait s’intéresser à moi, remarquer mon air tendu, mes yeux révulsés, tenter une question ouverte ? Je tâche d‘imaginer le mantras qui annihilerait ce présent, arracherait visages et membres, éclairerait de bonté l'abyme qui s’ouvre au centre de la table ?<br />
"Omni padme padme um ?" - quoi, kestudis ? rétorque Marlen. Oups, rien, rien. C'est sans effet.</div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Enfin, au moment où je n'y croyais plus, concluant sur une mauvaise parole et moult coups d’œil en diagonale vers l'horloge, l'épreuve pris fin. Chacun secoua les scories de ce premier round, évaluant les coups portés aux vêtements, léchant les gencives blessées.<br />
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Je suis la souris de laboratoire.<br />
Électrocuté par les impulsions qu'envoie le biologiste, je pêcherais volontiers dans la soupe de quoi faire cesser le supplice. Aussi lorsque la grille de cette cage disparaît enfin, je file avec joie m’engouffrer dans la même bagnole moche conduite par ce lamentable pilote. Alors Fabien, pensant que personne ne le voit, se saisit rapidement et gobe les mauvais nougats que j'avais repoussé au coin de mon assiette...<br />
<br /></div>
<div class="Standard" style="text-align: justify;">
Premier jour.<br />
Nouveau boulot.<br />
Vivement la quille.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-31612108359686211042013-12-15T03:12:00.000-08:002014-09-24T19:06:27.119-07:00La nuit des deux nigauds<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
L'action
n'est rien.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
L'action
n'est que la suite du cheminement de la pensée.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
A la fois
conséquence, et sanction de l'idée.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Le geste qui
nous condamne n'y peut mais – il n'est que suite irrémédiable de
la pensée. La pensée qui par oh et par ah, un jour nous a trahi. Un
jour, un trois fois rien, un peut-être, devient la main qui touche,
la main qui prend, le geste qu'on sanctionnera.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
L'esprit
prévoyant, par l'histoire échaudé, met en place des trésors de
rêve et d'imagination pour s'entraîner au cheminement des actes,
travailler les scénarios du réel. Mais à la fin, toujours la
fin !, un réveil sonne, et voilà qu'il faut reprendre le
réel, bras le corps et pleine gueule, comme fait la mer sur le marin
un instant distrait.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Quand je
l'exprime ici, l'action a déjà eu lieu.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
C'est ici le
temps du cheminement d'aval, la suite des pensées... L'action a eu
lieu un mercredi soir de septembre, nuit tiède et riche, tant pour
les voisins qui invariablement matèrent, que pour nos deux lurons,
qu'étaient pas en reste d'agir et voir, et boire et jouir.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Vient
maintenant le temps de l'expression.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Dans ce
présent relatif, un dimanche en l'occurrence, je viens à la porte
de la nigaude.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Ah ! la
porte...
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Ah !,
la nigaude...
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Dans mes
bras, un poulet sacrifié du midi, jaune du Périgord, croustillant
de la cuisson et parfumé de tous délices. Comme le voisin m'a
facilité l'accès, j'apparais par surprise, et ce n'est que la
première.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Puis comme
elle présente et tend sa bouche pour une étreinte entre amants, je
m'écarte un petit peu ; établis la tension, l'état de guerre
latente. Embrassez-vous, quand même, acteurs de fable ! Ils
s'embrassent, quand même. Mais la guerre sourdre et sourdra
désormais, ya pas de raison.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Sourire, ah,
oh.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Bonsoir,
hihi.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Les amants
sont complices, avant d'être ennemis. Ils s'aiment d'amanterie,
avant de se haïr comme pairs de l'humanité divagante !
Souhaitant sortir de ces phrases monocordes, je tente établir le
contexte d'un dialogue.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0.28cm; margin-top: 0.28cm;">
- Fait frais, hein ? Faisait plus chaud ce matin.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Et tout à
trac :</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0.28cm; margin-top: 0.28cm;">
- J'imagine qu'étant enfin réunis, nous voilà prêts pour une
bonne discussion, oui ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Ses yeux,
déjà révulsés par le refus de baiser originel, partent comme des
rouleaux de machine à sous, tournant encore et encore dans leurs
orbites. Comme les signes du gain potentiel se succèdent dans chaque
fenêtre oculaire - effroi, stupeur, abandon, désolation, ataraxie -
j'hésite à lui tordre l'oreille gauche pour arrêter le mouvement
et encaisser mon dû.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0.28cm; margin-top: 0.28cm;">
- Quelle discussion, de quoi discussion, pourquoi discussion ?
Essaye-t-elle</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Une phrase
me vient alors, autrement plus chaotique et maladroite que ce que
prétend la transcription qui suit. Pas très adroite pour autant,
c'est cependant elle qui suit dans ce texte, dans cette vérité
écrite qui vaut doublement, par sa nature écrite d'une part, par
l’épellation du mot « vérité » qui d'autre part et
de toute part s'échappe alors que les signes remplissent la page.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0.28cm; margin-top: 0.28cm;">
- Eh bien, j'imagine qu'on pourrait parler de nos actes. Actes
délicieux de mercredi dernier. Parler d'eux en rapport avec ta
proposition de nous unir pour voir, de nous lier un instant pour
savoir, sinon ce qui nous unit de fait, du moins ce que notre union
peut être et devenir <i>réellement</i></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Tournent les yeux, encore, encore, et stupeur, toujours </div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0.28cm; margin-top: 0.28cm;">
- Comment que, pourquoi, est-ce que, tu veux dire ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
J'y reviens. Pour vous. Pour elle. Pour nous tous.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Reprends l'énoncé de ma vérité, celle vécue avant qu'écrite.
Mon souvenir du samedi précédent. Car avant d'être ce dimanche là,
qu'on appellera D+7 par commodité, par faiblesse, par penchant
symboliste, c'était un beau samedi 's moins un' (S-1), huit jours
plus tôt...</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ce samedi là, elle m'a dit, et c'est forcément vrai puisque c'est
écrit, et plus vrai encore par ce que confère l'accent sincère et
le soin porté à la formulation (formulation qu'on aura relevé en
pensant, ah, mais il joue du verbe comme un vrai petit gars ce
saligaud, c'est l'épate), elle m'a déclaré, ce S-1, qu'elle
consentait à l'amour physique entre nous.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
« J'ai envie d'amour physique entre nous » n'est pas la
formule qu'elle employa alors, certes non, ni un « je veux »
direct et cristallin, mais une formule assez belle et joliment
directe, qu'on me pardonnera de ne savoir transcrire ni sublimer,
notant au passage que l'expression de mon propos ne souffre par
semblable distorsion, ou tout le moins qu'il y a inégalité face à
la transcription.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ainsi elle voulait, car enfin nous voulions, et chaque fois un peu
plus, en dépit de la ligne rouge qu'on avait pris soin de tracer,
rare précaution, juste au dessus du pubis. Car le désir n'est pas
en cela semblable à la lumière du jour. Il se cumule et, <i>day in
day off,</i> sa quantification si elle était possible irait
asymptotique ascendante, et sa convertibilité au dollar US ferait de
nous des hommes riches - ou un homme et une femme riches, dans le cas
du statut toujours plus commun ces jours-ci de la stricte séparation
des biens.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="RIGHT" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>Concernant
les meubles meublants acquis à compter de ce jour, les meubles
acquis par les partenaires ensemble ou séparément seront soumis aux
règles de l’indivision dans les proportions suivantes : pour
elle à proportion du pourcentage payé sur les meubles ou à défaut
de la moitié ; pour lui à proportion du pourcentage payé sur
les meubles ou à défaut de la moitié.</i></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Alors dans mon entendement, je recevais ce 'S moins un' là son aveu
que le désir est plus fort, plus fort le désir que l'ensemble des
principes qui devait la préserver de moi, patachon assumé, exalté
et revendiqué. T'es sûre oui, j'ai dit ? Oui. C'était oui.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ce samedi là, malgré ses principes de monogamie et histoires de
long terme, absolue fidélité et bijection totale des êtres -toutes
notions qu'elle porte bien haut et devant comme presque lisible dans
son regard, sur son visage-, ce samedi là, plus de malgré, plus de
principe. Nos titillements et autres incursions de proximité, la
langue, l’œil, la main, le genou, tous coupables !, tous
acquités !, avaient eu raison de toute prudence, de tout
principe.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Le dimanche nous nous revîmes.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
C'était dimanche 'D zéro' de son vrai nom, le dimanche charnière,
origine de notre référentiel narratif. Alors je lui dis « oui »,
pas uniquement parce qu'un 'non' semblait malvenu à l'origine du
repère, mais « oui », carrément, étant partant pour la
botte et vaille que vaille, advienne que pourra. Parce que je crois
au principe de réalité, aussi, qui gouverne tout, que l'idée n'est
rien qu'un sot qui tourne autour d'un puits du monde advenu, sec et
stérile à jamais.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Le lundi suivant, 'L plus un', nous nous croisons à nouveau.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Décidément, ces deux là sont à la colle, finira par penser le
lecteur attentif. Pas un jour sans que. Mais tout est question de
volume, car je tairais l'horaire de la rencontre et le planning des
heures, plus nombreuses chaque jour, qui précèdent et succèdent à
l'instant présent.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Me voyant la voir, la voyant me voir, on se vit, on se parla. Elle me
dit, comme pour rappel, comme par remords, que dans sa conception à
elle, l'homme la femme c'est un et un, deux parfois, mais jamais
plus. Rappel à sa règle, exception dans l'espace que nous avons
convenu d'ouvrir d'un tango ivre le jour 'S moins un'.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
C'est ce que je comprenais alors.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
C'est notre erreur à tous, de penser comprendre alors !
Comprendre alors que la compréhension de la pensée reste une
éternelle utopie. Car de fait la pensée passe comme le cours du
temps, ne laissant ça et là que quelques grains de sablonneux qu'on
prend, qu'on analyse, pour mémoire, pour compréhension. Vanité
ultime ! Des grains ! Ce ne sont que des grains !
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Voilà pour les idées. Au plus pressés d'entre les lecteurs elles
auront déjà brisé les pattes, fermé les yeux. S'ils me
connaissent ils penseront diable, ce qu'il cause ! Jamais
n'agit ! Cependant l'idée, à petites touches et grosses
bévues, l'air de pas y toucher : avait déjà édifié
l'action.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Puis enfin, ce fut mercredi.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Mercredi. Ce 'M plus trois' que certains lecteurs de nouvelles
coquines aiment voir décrit avec force détails, et bruits, et
couleurs.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
L'un appelant l'autre, ces lecteurs n'auront le plus souvent lu que
quelques nouvelles de cette acabit avant de verser dans le visionnage
de films à caractère pornographique. Puis, suivant cette logique
irréversible du mieux disant, la somme de leur fantasmes et
frustrations sexuels ira croissante, malgré quelques dents de scie.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Fantasme et frustration, je précise, qu'il convient de mettre en
regard de coïts sinon rares, au moins décevants, dans l'ensemble.
Et, ne négligeant toujours aucun détail, scie de qualité variable,
selon qu'on aura visé à l'achat un objet pérenne et fonctionnel,
ou choisit avec empressement vil prix et dent grossière dans quelque
mauvais gourbi.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Précisions utiles, car dans la réalité qui nous a été refourgué,
qu'on assumera faute de mieux, la femme ni l'homme ne sont comme à
l'écran ou sur les images glacées des magazines. Les oh, les ah,
viennent moins scandés. On crie moins, on crie peu. Et ce
déguisement d'écolière tombe vilain, ce petit bouton vient mal au
regard, la lumière n'accroche pas pareil, vous trouvez pas ? Même
que à la fin le monsieur à la télé secouait sa verge, envoyant
partout de longs jets de sperme en grognant, et ça, rien que de
penser au ménage, j'ai jamais osé.
</div>
<div align="RIGHT" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="RIGHT" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<i>La
pornographie, répétons-le, dévoie gravement la sexualité des
jeunes qui s'imaginent en visionnant des films que ces pratiques et
ces postures constituent les figures imposées de l'étreinte
amoureuse, tout comme d'ailleurs le roman dévoie gravement leur vie
sentimentale en leur faisant accroire que le romantisme est le secret
de la relation amoureuse alors que celle-ci commence en réalité
comme nous le savons tous par une bonne fellation et se termine par
une sodomie brutale suivie d'une éjaculation faciale.</i></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Pour donner un cadre à ce 'M plus 3' j'avais préparé un petit
frichti. Lancé des œufs dans la crème fleurette, salé, poivré,
muscadé. Enfourné et laissé prendre. Préparé une crème fouettée
à la vanille afin de jeter un voile pudique sur les babas au rhum
qui attendaient pas loin. Collé une salade sur le bord de
l'assiette, vite fait, bien fait, meilleur effet.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Le vin, aussi, et la bonne tiédeur de l'air, tout était de bonne
intention. A ceci près, que chacun et tous les éléments du repas
furent un peu ratés. Qui par la cuisson, qui la température, ou la
préparation, était-ce un cadre prémonitoire ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Non. Ce n'était pas un cadre prémonitoire.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Pas plus qu'un autre, ce cadre n'avait d'intentions, sinon neutres.
Il venait, comme tous ses pareils, avec vocation agréable, courtoise
discrétion.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Enfin... Presque agréable. Presque courtoise.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Inutile d'ailleurs de se perdre dans le cadre car, avant même
d'avoir lancé les plats, nous étions l'un sur l'autre. Qui bascula
d'abord, le cadre, l'homme, la femme ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Avant de toucher le sol mes doigts déjà fouillaient son sexe, ses
deux mains étaient dans mon pantalon. Improbable imbrication des
bras. Comme j'enlevais son jean, elle déboutonna ma chemise. Bouche
contre bouche, en une étanchéité sans appel. Puis tout dans
l'ordre. Les chaussettes en dernier. Son soutien gorge, d'une main
preste. Je mordillais ses seins, alors qu'elle penchait sans détour
vers ma verge déjà bien empoignée.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Nous voilà nus. Les gens font ça.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Bientôt c'était là, puis ce fut ailleurs...
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Guidée l'intromission, j'avançais contre les flots de cyprine, nous
enfonçant jusqu'à la garde dans le délice soyeux. La salle de
bain, le canapé, au lit, partout nous <i>fuckame</i> avec science,
soin et passion. Sa main accompagnant mes couilles comme un nid
tiède, de son sexe j'écartais les lèvres et envoyait dix doigts
explorer tout autour, à la recherche de ce cher inconnu.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Trépignation de machines humaines, de la bête à deux dos,
applaudissements nourris de voisins excités, le lit tourne au milieu
de la chambre, me demandez pas comment, ça je ne l'ai jamais
compris.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Partout baisâmes. Bientôt mangeâmes.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Puis remîmes sur la table l'ouvrage.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ensuite c'était moi, non, elle, qui par dessus, sens dessous. Un
instantané cérébral rapporté par le nerf optique témoigne d'un
haut fait d'escalade. Par la voie la plus abrupte, mes mains sur ses
fesses contribuant au centrage, ma bite était bien là mais rendue
invisible, tout au fond cachée.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Chacun rapportera vraisemblablement une version distincte, ne
serait-ce que par le point de vue, souvent contre-plongé pour l'un
quand l'autre savoure le vertige. Plus rarement égal, horizontal.
L'usage du miroir à côté du lit permettant à l'occasion
d'accorder les versions et joindre les regards, car celui-là n'en
perd jamais une miette. Mais version pour version, sans débat, sans
polémique, il semble qu'on s'entendait à penser la même chose.
C'était bon, bon.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Alors dans l'action délicieuse nous consommions l'erreur: c'était
la nuit des deux nigauds...</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<i>Flash forward. </i>Revoilà le dimanche 'D plus 7'.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
L'instant présent... Vous y êtes ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
A ce moment où ses yeux tournent encore, fous dans les orbites ;
alors ma phrase continue, fillasse, et meurt. Je comprends qu'on a
pas seulement lu des histoires dissonantes. Nous nous sommes bien
égarés. Bien bien égarés. Bien mieux, bien pire !
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Elle est là, nous sommes dans l'entrée. Je la tiens au bras. Non,
déjà un peu de temps a passé, alors nous sommes au salon, deux
verres, quatre yeux, beaucoup à dire. Beaucoup à démêler. D'où
vient le désarroi ? Le désarroi est partout, toujours, à tout
instant. Il fixe sur nos âmes par les aspérités de la colonne,
prend sur nous et va ascendant toujours, doué de martingale.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Voilà, ce 'D plus 7', un homme, une femme, un désarroi et deux
verres de martini rosso.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je dis : tu voulais bien qu'on couche ensemble, pour voir, pour
confronter à tes idées le réel ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Elle dit : mais lundi, tu m'as bien dit que, de monogamer, tu
acceptes ?</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Je lui dis : non, tu rigoles ? J'ai dit oui, mais non. Oui
ce jour, pour la requête antérieure, pas agréé à ton système,
un jour suivant, non !</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Comme deux nigauds se découvrent, comme la scène alors est belle vu
du parterre, et comme il était mauvais ce rôle de traître. Violeur
de l'idée. Corrupteur de la pensée. Même le poulet alors avait un
goût de, je ne sais pas. Quelque chose de lourd et amer, qui serait
pas mal passé avec un vin capiteux du sud ouest. Le plat est
pesant. L'air, lourd également...</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
A-t-elle vraiment pensé que je renierais mes cent milles désirs,
l'urgence permanente des ailleurs, la tension des autres femmes, des
autres sexes ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ai-je pu croire qu'elle reniait tout pour rien, pour voir, pour la
blague ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Et le poulet, que pensait le poulet en venant là, en se rendant
complice du tout. N'est-il pas un peu la cause, à sa manière, avec
sa ficelle idiote sur ses cuisses sans pattes et son corps sans
tête ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Poulet, ordure !!!
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Idées, couillonnes !!!
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Nigauds, nigauds !!!</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Idiot, idiote !!!</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Ça pour l'action, la baise, ça a été tout de suite : oui !
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Mais l'enfant en gestation de vos idées, l'idée de vos actes ?
Car le héros de cette histoire c'est bien ce choix non assumé,
partout en filigrane. Ce nœud que vous ferez, monsieur, à votre
verge, cette soudure qui vous condamnera, madame, à la pensée
éternellement vierge.
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Alors nos nigauds mangeront le poulet, en se souriant l'un l'autre,
benoîtement. Tu me passes le sel ?
</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
Il n'y aura plus d'idée préalable, que l'idée du présent, bien
noyée dans le réel ; plus d'idée postérieure, que celle du
menu au prochain repas.</div>
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="font-style: normal; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<br />
<div align="JUSTIFY" lang="fr-FR" style="margin-bottom: 0cm;">
Dans ce monde advenu, l'action est tout. Le marin trempé, mais bien
réveillé, descend au carré se préparer un viandox brûlant. Et le
poulet, et le bateau ? Continuent de refroidir dans l'assiette.
Filent et disparaissent à l'horizon... </div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-29040471599691417862013-03-24T04:38:00.004-07:002013-03-31T08:46:54.864-07:00Allonsallons allons<br />
partons, disparaissons<br />
filons sans retour<br />
prends tes affaires, vide ta valise, jette le tout<br />
fais un tas de ça, puis de tout le reste, vlan<br />
<div style="text-align: justify;">
un tas pour se coucher dessus, et baiser!, baisons!, enfilons enfin des perles, des rêves, des cris à outrance, des trucs qu’on ose pas dire, par là où il faut pas, en riant bons derniers, comme des chiars d’une bonne blague</div>
le monde est là, tout entier, nôtre<br />
mais... ah. tu viens pas ?<br />
le monde et moi, tout entier, seul<br />
dans les draps frais de ce lit d’hôtel<br />
froissi de rêves en débandade<br />
je me concentre sur mon fantasme<br />
tente la fuite du plaisir solitaire<br />
mais la fenêtre claque<br />
alors je m’endors, perdu tout entier.PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-64349463014456548342013-03-24T04:36:00.000-07:002013-03-31T08:47:13.611-07:00Gisèle, poitrine éternelle<div style="text-align: justify;">
Gisèle, septante années vaillantes, se demanda diable ce qu’elle faisait là. </div>
<div style="text-align: justify;">
«Que fais-je fais dans cette gare centrale ?», se dit-elle. </div>
<div style="text-align: justify;">
Premier individu à occuper les lieux, quand bien même malgré soi, après l’omnipotent prénom personnel, elle chercha un moment parmi les mots-clefs l’un ou l’autre qui fasse écho, explique ou justifie sa présence. Cria «Eho !» cinq fois, provoquant quinze échos qui sonnèrent en canon dans la cathédrale virtuelle. Chaque écho d’origine revenant atténué de 2 dB, du fait des paramètres du blog laissé par défaut. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’auteur pensa qu’il se voilait tout puissant - «me voilà tout puissant» disait la pensée avant transposition aléatoire, et elle recomptait pour elle-même :</div>
<div style="text-align: justify;">
petit a/ l’univers de ma perception</div>
<div style="text-align: justify;">
petit b/ un être de chair et sang</div>
<div style="text-align: justify;">
donc deux. Pas mal ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Après l’amortissement asymptotique des échos régnait encore la question de Gisèle, magnifiée par le silence. Ainsi que Gisèle, bien sûr -qui d’autre?- bien qu’elle-même ne régna dans cet espace que sur l’espace propre de sa personne. Et ce règne est parfois fragile, équilibre précaire d’angoisse et de doute que chacun dose à sa manière. Fifty/fifty font certains, quand d’autres varient les mélanges, tentent une sinusoïde, vont par les extrêmes... </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’auteur murmura alors en voix off, «je l’ai choisie pour sa poitrine», mais on entendit rien, car il s’agissait d’un off objectif, coupé au montage. Et de fait, les deux mamelles de Giselle régnaient en maîtres sur l’espace et la gravité, indiscutablement, malgré leur âge et la faible lumière tombant des voûtes. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ces alpha et oméga que tout l’univers avait palpé, caressé, et ceux qui n’avaient pu ni palper ni caresser, car ils n’étaient pas nés, car ils étaient retenus au travail, ou en voyage, ou pour raison médicale, ou déjà morts!, ceux-là avaient le regard figé. Et on voyait dans leurs orbites écarquillés le reflet des deux loches, soit quatre seins par paire d’yeux qui à l’inverse de l’écho amplifiaient leur magnificence. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A ces deux univers là, ces hordes de mains palpeuses et monceaux d’yeux rougis par l’effort, «bonjour», dit l’auteur, ce coup-ci à voix haute. Mais dans cette foule autrement plus dense que la Saint-Lazare du lundi matin 8h30 un jour de rentrée, Gisèle ne sut dire si elle avait distingué un mot la concernant. </div>
<div style="text-align: justify;">
Car alors cette gare, peuplée d’imaginaire, d’une foule de reflet de seins, de mains tendues en veux-tu en voilà, et d’une femme nue à la splendide poitrine, cette gare était devenue un impossible capharnaüm bruissant de mille rumeurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Aux seins de Gisèle. </div>
<div style="text-align: justify;">
Au peuple de la terre. </div>
<div style="text-align: justify;">
La gare, enfin bondée, reconnaissante. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au recensement de l’année suivante un panneau fut inauguré à grand frais.</div>
<div style="text-align: justify;">
La cohorte ayant disparu en marmonnant dès le premier soir j’ai piscine, je reviens dans cinq minutes, après que Gisèle avait enfilé un soutient-gorge en laine jaune (soirée bien fraîche de mémoire de blog), il indique : «Gare Centrale, 1 hab.». </div>
<div style="text-align: justify;">
Gisèle tourne autour, depuis longtemps maintenant, que faire d'autre?, un an déjà ! Elle piétine un peu à la longue. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La passion de son pas, ou ce qu’il en reste, ou peut-être la pression sous ses semelles, qu’on pourra sans nul doute mettre en rapport avec le poids d’une de ses loloches multiplié par deux et quelques et divisé par la surface d'un pied, ou encore sera-ce la piètre qualité du revêtement de sol, ou disons finalement quelque habile combinaison de tout ça et quelques autres choses : tout ça et quelques ont creusé un sillon d’une circularité remarquable. On voudrait croire au chemin d’un âne de bât, cependant la comparaison est datée avant d’être fort irrévérencieuse, surtout rapport à une dame, de surcroît la seule en présence. D’ailleurs, quel âge avez-vous pour savoir des fontaines à traction animale ? Et qui êtes-vous, d’abord ? Non mais bordel, c’est une gare privée ici, alors cassez-vous avec vos croirances à la con, remballez-moi ces commentaires à venir, du balais. </div>
<div style="text-align: justify;">
Mais bref, imaginez un tronc-sillon-torique régulier : en termes formels, c’est plutôt de cela qu'il s'agit. Si vous étiez quelque curieux technophile on aurait évoqué un chemin de roulement avec des sanglots dans la voix, avant d’aborder les mérites comparés des calendriers Pirelli et Michelin. Rapidement tombés d’accord sur le cumul des arguments morphologiques de l’un nous nous serions juré amitié éternelle, scellant cette connivence bien méritée comme il se doigt, d’un high five ou quelque autre gestuelle absurde, exubérante ou ridicule propre aux gens cool que si vous ne connaissez vraiment pas, on se demande. Mais bon. </div>
<div style="text-align: justify;">
Enlève ton soutif, Gisèle. C’est une gare irrespectable. </div>
<div style="text-align: justify;">
On voulait des seins. En voilà deux.</div>
<div style="text-align: justify;">
Merci.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-84622222637421443032013-03-24T04:32:00.003-07:002013-05-12T11:31:39.638-07:00Je veux plus<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh59nHoxqo_ttbb2l4TXxxcWKTXcQi5wKtW3hcwVjF3N-_fdEKHwb3e13Fjx_qoFregujpYxHaJMsTNuqAmGlFd9VelliGsRX2cRG9a4qV0pWN_iIJtu13KOExl9SKIRrP_Y1f8I7whyphenhyphenlP0/s1600/RIMG0391.JPG" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh59nHoxqo_ttbb2l4TXxxcWKTXcQi5wKtW3hcwVjF3N-_fdEKHwb3e13Fjx_qoFregujpYxHaJMsTNuqAmGlFd9VelliGsRX2cRG9a4qV0pWN_iIJtu13KOExl9SKIRrP_Y1f8I7whyphenhyphenlP0/s520/RIMG0391.JPG" width="520" /></a></div>
<br />
<i>Comme dans un lit chaud et humide</i><br />
<i>tu mets tes doigts secs et froids sous les couvertures.</i><br />
<i>Elles sentent le vin cuit par ta bouche sèche.</i><br />
<i>Le vin, dans la cuisine, que nous n’avons pas fini. Et tu t’en vas déjà.</i><br />
<div style="text-align: justify;">
<i>Comme quand tu parlais de celui qui avait eut un accident de voiture. Il n’est pas mort. Ou si peut-être. Déjà mort. Je voulais le revoir, et c’était trop tard. Trop tard pour le suivre. Trop tard pour lui dire qu’il a raté sa vie. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et tu allumes cette fille. joie. un coup de téléphone retentit dans ma tête. et ça lui jette une bouffé d’air frais. l’eau. le bain. la piscine. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Plus tard j’écrirai sur ta peau. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Dans la nuit. J’ai trop dormi dans les boites de nuit. Tu donnes ta clef. Voisine. Et ton café. Et les gens. Pierre. Pierre. Tu t’en vas. Tu t’en vas. Pierre. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Partir dans la mer mère. amer. amertume. amarrer. marécages. lenteur. la lenteur du vide. Sans toi. Dans la rue. Vite. Se retourner. Partir. Savourer; Boire du vin. Sans toi. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Se réveiller dans tes bras. froids. secs et froids. écouter son cœur. sans cœur. pas. pas avant. en traversée. la vie. sans. sens. la pluie. Paris. gris. froid. vent. vin. sans. rien. inondation. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Suffoquer. Aérer l’appartement. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Comme dans un rêve. les yeux fermés. les paupières se perdent dans un champs d’amour. jamais apprécié par celui qui le reçoit. et pourquoi. ça ne sert à rien. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Foutre. fondre. foutra. faudra. lui dire. rien. Tout est dit. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et je te regarde. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et je regarde cette rue. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Et les gens. où vont-ils ? ces gens ? et nous ? et toi ? et moi ? </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Partir en voyage dans ta baignoire. poison. partir. le rejoindre. et puis. plus rien. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Rien. Rien. </i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUNfOlF7HKRrRrjkqo1rU-5ZSBtBzdLOms-FQWQKIUIXiZdNk2Vtql1gaiNfBptgIwC6mogvQo9SwHwUUyzljWdUXC0WXCkpCtQb9kcVkwCT7aGtkcrTWWM_RCTMwzZdTo3-_hsC31Hh_n/s1600/Capture+d'%C3%A9cran+-+02052013+-+09:49:42.png" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUNfOlF7HKRrRrjkqo1rU-5ZSBtBzdLOms-FQWQKIUIXiZdNk2Vtql1gaiNfBptgIwC6mogvQo9SwHwUUyzljWdUXC0WXCkpCtQb9kcVkwCT7aGtkcrTWWM_RCTMwzZdTo3-_hsC31Hh_n/s520/Capture+d'%C3%A9cran+-+02052013+-+09:49:42.png" width="520" /></a></div>
<br />
Il n’y a plus de bon-jour pour toi,<br />
qu’une succession de présents,<br />
une addition de distances par appuis répétés sur la touche plus, plus, je veux plus.<br />
<div style="text-align: justify;">
Mais il n’y a plus plus rien que la vacance. Le pubis rose et lisse, comme rebouché d’un ange. Reste cependant : quelque chose. Une tension. Le sexe sublimé, obsession érotique, j’imagine enfoncer une collection d’objets dans ton plus intime. Insérer sans cesse. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ton sexe, enfin rendu solaire, seul interlocuteur de ces pensées récursives. Ton sexe parle, mes pensées grondent, dialogue en crescendo assourdissant, sans limite que le cri final, ou la rupture tout court, blocage complet de l’obsession....<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJT1LapmmadG9S2wsq_Pxyru5Qz7byLtQqtYRAUXhpj6wLrgIk6ebx9vMx0WjUkLjTYJca-9ihn7d4P2AMA55Bm493F26PFLhD9XmNq2JvfEccTdZxGTPHTiweZeQqPsBu6Oonjh4ZQZ07/s1600/RIMG0394.JPG" imageanchor="1"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJT1LapmmadG9S2wsq_Pxyru5Qz7byLtQqtYRAUXhpj6wLrgIk6ebx9vMx0WjUkLjTYJca-9ihn7d4P2AMA55Bm493F26PFLhD9XmNq2JvfEccTdZxGTPHTiweZeQqPsBu6Oonjh4ZQZ07/s520/RIMG0394.JPG" width="520" /></a></div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-33000848289004785952013-03-24T04:31:00.000-07:002013-03-31T08:47:50.812-07:00L'usage qu'on peut du monde <div style="text-align: justify;">
Le monde à l’usage, pfff !</div>
<div style="text-align: justify;">
Je dis pas, hein, que... Non ! La vie est gouzy gouzy, super glop. Et quand le carbu fait mine de... un coup de tanne, un putain de coup à déchausser les dents, vlan ! et le moteur repart. Ça marche tout seul. Gouzy, on vous dit.</div>
<div style="text-align: justify;">
A l’usage quelques litres d’alcool, c’est le conseil du toubib. Il m’a dit, tel quel : bois! bois! boit! buvez! buvons! boivent! avant de s’enfermer dans son office avec sa réserve, plus mon flasque à whisky. Mon flasque ! </div>
<div style="text-align: justify;">
Celui-là même, payé avec les sous du contribuant, la sueur boisée de mes aisselles, la maille de mes ancêtres. Putain de toubib. Obligé de trinquer à mes frais, et cependant, je maintiens : la vie est gouzy. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A l’usure, le monde, cependant... </div>
<div style="text-align: justify;">
Simple question de tribologie : la vie en se frottant au monde subit une force tangentielle opposée à son mouvement. Aussi à l’usage, le monde produit-il chaleur et lumière, au gré de variations de niveaux d’énergie électronique des atomes de surface. Inutile d’être normal pour en débiter de telles, c’est dans les livres, avec des images, sans jamais un mensonge. </div>
<div style="text-align: justify;">
Mais ce n’est pas tout. A force de tribologer gaiement tout ce beau monde : il s’use. Et l’usager ? Pire encore ! Y laisse son épiderme, son derme, bientôt ce n’est plus que chair et os à nu traversant l’Asie Centrale dans une Topolino poussive ! Ah, notre fier explorateur ! Fier et nu, rouge sanglant, regardez-le !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Voilà comment, voilà pourquoi, sont venues les idées. </div>
<div style="text-align: justify;">
Celle du Trinitron 21‘‘, d’abord. Chers ingénieurs, bien intentionnés, visant l’arrêt de l’homme pour en réduire l’usure. Celle des gants-genouillères en Kevlar (r), dans cet ordre ou un autre, quelle importance ? L’homme, trop content d’ajouter une couche à sa panoplie, ajoute, ajoute. Il peut enfin frotter sans usure... </div>
<div style="text-align: justify;">
Ajoutez l’alcool, lubrifiant universel. </div>
<div style="text-align: justify;">
Et la cyprine, lubrifiant naturel. </div>
<div style="text-align: justify;">
Tout est bon pour réduire notre coefficient de frottement, augmenter l’ennui, allonger la vie. Dans ces restes d’existence, tout est rapport. Tout est sexuel. Abstinence ou rapport monnayé, usage du monde, usure du nombre, chers usagers, chères usagères du monde. Zagères du monde. Chers du monde. Merci. </div>
<div style="text-align: justify;">
Et les réseaux. Et les décors. Merci aussi. </div>
<div style="text-align: justify;">
Vous pouvez vous lever et partir.</div>
<div style="text-align: justify;">
Prenez garde à ne pas rêver trop fort.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-61633883903112950852013-01-08T12:05:00.003-08:002013-01-08T12:05:47.956-08:00L'amitié a bon dos<div style="text-align: justify;">
Voilà un pivot.<br />
La fin d’année approche.<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le dernier voyage rangé dans l’onglet décembre, il n’y a plus qu’à attendre la chute.</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous voilà dans une chambre anonyme, drôle d'endroit. Au bord du coït. L’étreinte est là, toute proche, dans les corps, dans les regards...</div>
<div style="text-align: justify;">
Debout face au vent, arc-bouté à l’entrée de ce sexe offert, je fait des nan, nan, naaan, et tente un 'vive l’amitié', priant pour échapper au désastre. Elle a une composition du visage qui répond, très bien, sans marquer de rancoeur excessive, un truc limite louche, mais un peu rassurant.<br />
Seulement, ses yeux. Ses yeux continuent de briller. Irradient de promesse...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Je passe rapidement en revue les différents positions, cherchant celle que le manque de désir n’oblitérerait pas. Lui proposer une verge amicale, sans troussage ? Boire beaucoup, laisser venir ? Baiser n’est tout de même pas aussi dur qu’écrire !<br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Doucement excité par les premières idées, je pense au corps que ces vilaines étoffes de service pourraient dévoiler, et flippe un peu. Les stigmates d’une mort passée tout prêt, qui reviendra. L’embarras anticipé. On avait trinqué au désir, ouais. J’imagine.<br />
Le désir. Désir de fuir, désir de défaire l’écheveau absurde qui m’a amené là.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Etrangement, je pense à Olivier dans cet échange. Je pense à tous les hommes, à toutes les verges tendues dans tous ces cons aimables, et regarde mon amie. Ma pauvre amie.<br />
Bien, mais que faire ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Ces vêtements, cet abandon, tout concourt à décrédibiliser notre petit <i>intercourse</i>. Le coup était foutu d'entrée. N’importe quel connard à peine pubère aurait pu le constater, et bien inspiré m’aurait poussé sur le côté pour ouvrir clairvoie et...</div>
<div style="text-align: justify;">
«Qu’est-ce que je fais de toi, un amant, un ami ?»</div>
<div style="text-align: justify;">
Vent debout...<br />
<br />
Contre le désir. Contre l’idée reçue. Contre la situation.<br />
J’ai écrasé mon sourire le plus gêné et imploré, 'non'..., merci, vraiment.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-80070767816846262842013-01-08T11:53:00.004-08:002013-01-08T11:53:59.161-08:00Egoïst Palace<div style="text-align: justify;">
Bienvenue à Chernivtsi, adorable bourgade du sud-ouest Ukrainien. Nous voilà accoudés à un comptoir du disco, car il faut bien se mettre le coude quelque part, pauvre apppendice un peu moche, pas bien utile. Le coude. Meilleur ami de l'alcoolique.<br />
Boum boum boum, flash et lumières variées : ici il y en a dans tous les sens, pour tous les sens.<br />
<br />
Ce disco est un complexe infernal. Ancienne usine réaffectée au procédé de transformation de bière et vodka en mictions variées, on y décline tous les superlatifs du socialisme flamboyant. Ça pisse à tout va, ne manque que la statue du pisseur, j'imagine un immense Maneken-Piss de bronze, tout en muscles, faucille dans une main, lourde verge dans l'autre, une belle mare à ses pieds...<br />
Alors on boit. Puis on pisse. Assis, debouts, accroupis, mains lavées, sales, prépuces décalottés -le tout dans une ambiance assourdissante-, rien que la variété des possibles m'enivre presque. Et je pense à ces ruisseaux d'urine odorante qui se déversent dans les canalisations...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
Ce disco, c'est l'<a href="http://egoistpalace.com/">Egoist Palace</a>. 6 billards, 2 pistes de bowling, karaoke, dancing, lounge bar et combien, combien de cheveux sur ces têtes, de litres de sueur sur ces grands corps étranges et nus...<br />
Chacun seul au bar, abandonné à ses divagations, laisse glisser ses yeux sur la salle.<br />
<br />
Mister B. commande la deuxième bouteille de vodka.<br />
Après, je ne sais plus...<br />
Au réveil : la patex, toutes les fringues, le canapé inconnu et une migraine d'enfer, c'est le <a href="http://www.hostels.com/hostels/chernivtsi/tiu-chernivtsi-backpackers">TIU hostel</a>, où on croise misteur A., juif antisémite et grand amateur de Céline. </div>
<div style="text-align: justify;">
A ce moment c'est déjà la deuxième frontière du sabbat, l'ambition n'en est que mal définie et le titre encore perdu dans les limbes. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://u.hwstatic.com/propertyimages/4/48906/2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="http://u.hwstatic.com/propertyimages/4/48906/2.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors que cahin caha je gambergeais le comment raconter, sans tuer personne, sans rentrer à Paris, sans confier à la garce, tout ça tournait tournait, et le temps ne se prive pas, il passe et repasse nerveusement derrière moi en tapant fort ses pieds sur le sol.<br />
Les échéances ne sont pas discrètes non plus.<br />
<br />
Un jour, il faut écrire. Ne rien se ménager. Finir la vodka. Aller de l'avant. </div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-12900065034017913522012-11-09T07:36:00.001-08:002012-12-10T22:23:51.423-08:00Pisser sur les icônes<div style="text-align: justify;">
Fallait bien que ça arrive un jour.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un jour, c'était dans un hostel miteux -peut-être le plus ivre des bateaux ivres de la planète hôtelière-, se présente Adam. Faut une sacrée chatte pour croiser Adam. Il n'y a qu'un Adam et ixe mille hôtels enregistrés sur hotel.com, hostelworld.com et hostel.com ! </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les probabilités sont ce qu'elles sont, mais Adam est là, the one. </div>
<div style="text-align: justify;">
Seul, qui plus est, sans cette bêcheuse de Eve, adorable poison, qui love mieux, mais plus cher. Adam, « bonjour », se présente. Juif forcément, barbu et antisémite, ce qui ne tombe pas sous le sens, de fait.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je lui fait « ah ? ». Il répond, « bin ouais », c'est l'influence de Céline, le complot franmaço-hébraïque, tout ça, tu comprends, explique-t'il derechef, partant dans un grand délire complotiste. Mais un peu embarrassé par l'étiquette, craignant pour les convenances, et attiré par une bonasse ukrainienne qui passe par là, je le minute papillone, et plante là notre père à tous. Sacré Adam et ses éthyloprojets de terrorisme intellectuel !</div>
<div style="text-align: justify;">
Au moment de la fuite le bougre défendait un mode d'écriture basé sur la 'resaca'. Je l'entends encore. Tu bois, tu bois, oh dieu!, au moins tout ça, tout distillat qui vaille et se présente, puis au réveil, le jour s'est fait, tu balades ton chien et saisi d'une légère érection machinale tu laisses couler les mots de ton futur opus. </div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le point final, je ne sais pas... </div>
<div style="text-align: justify;">
Midi passa. C'était déjà l'heure de l'apéro. </div>
<div style="text-align: justify;">
Puis la nuit. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le lendemain à l'aube Sasha-Alexander et son pote m'ont jeté comme sac à vin à la Kimnati Vidpotsinku. Dans le lit à côté une forme inquiétante gonflait les draps. C'était une présence bleuâtre. L'odeur de soufre, les éclairs dans le petit matin m'ont décidé à fuir sur le n°59 de 10h30. Moskow – Sofia pour le meilleur et 23h de roues, de rails, de traverses impondérables et d'ivresse bénie. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Des mois plus tard avoir lâché Adam me tourmente encore. </div>
<div style="text-align: justify;">
Je troquerais volontiers Jean Echenoz, Michel Rolin, James S. Lee pour une soirée en sa compagnie ! Il faudra lui écrire. Je commande un gin. Une autre nuit s'avance.</div>
</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5360092520275973998.post-18371864907513176042012-11-05T02:45:00.005-08:002012-12-10T22:24:38.973-08:00Première frontière du sabbat<div style="text-align: justify;">
Un jour c'était Paris, premier pas d'une longue vacance, un bar, du bruit, des verres et malgré la neige de printemps des fesses des fesses des pléthores qu'on voit qu'on rêve qu'on devine appelant réclamant la main qui libère, le possessif à cinq doigts, le bonjour mademoiselle. J'étais fou. Fou !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je serais le dompteur de fauve du cirque d'hiver. Jongleur impénitent des traverses à venir. Retraité du système. Explorateur de la marge. Inutile rendu à la stérilité. De mon désert aride observant vos monts et merveilles.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Avisant un cul, plus dodu, mieux tendu, un cul offert dans la forêt heureuse qui se présente, je choisis une main, vite, et commence à penser le geste. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Hésitant sur la trajectoire parfaite de cette main à ce cul offert, je réalise : tout, de cette année, de ce sabbat, tient là, dans ce geste. Dans le trajet de la paume à la fesse. Un mouvement infime, délicieux ralenti, retour arrière, rejoué mille fois...</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un an de main aux fesses ! </div>
<div style="text-align: justify;">
Cent, mille, un million de fesses, rondes pointues carrées ou plates,<br />
un an et cette seule idée, </div>
<div style="text-align: justify;">
cet unique geste, </div>
<div style="text-align: justify;">
le dernier, le seul qu'on eut jamais souhaité effectuer. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Vous n'aurez pas la claque et tout le reste. </div>
<div style="text-align: justify;">
Bienvenue à la première frontière du sabbat.</div>
PG Légenshttp://www.blogger.com/profile/14920985729730396989noreply@blogger.com